LIVRES - Le mariage au cœur des romans

Meilleurs vœux et bonne santé !

Publié le 14/01/2013
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* « Notre mariage » (1), le deuxième roman de Christophe Mouton (après le caustique « Un garçon sans séduction », qui dénonçait la marchandisation des corps et des esprits), ouvre la cérémonie. Ici le narrateur n’est que le spectateur du mariage de la seule femme qu’il ait jamais aimé avec un autre. Celle-ci l’a invité et, depuis la célébration jusqu’au bout de la fête qui s’ensuit, tentant de contenir sa jalousie, il fait un retour sur leurs relations et comprend qu’il est le seul artisan de leur rupture, par peur de s’engager, de perdre ses amis, d’entrer dans une routine professionnelle et privée. Une autoflagellation quelque peu moraliste mais bien enlevée.

* Auteur apprécié de dix romans, dont « le Potentiel érotique de ma femme », « les Souvenirs » (qui paraît en Folio ce mois-ci) et bien sûr « la Délicatesse », que l’auteur a adapté au cinéma avec Audrey Tautou et François Damiens, David Foenkinos revient avec un récit très plaisant qui peut interpeller les médecins : « Je vais mieux » (2). Le narrateur, confortablement installé dans sa vie de couple et de père de deux enfants maintenant adultes, comme dans sa vie professionnelle d’architecte, est subitement atteint d’un terrible mal de dos. Alors qu’il tente, en vain, de se soigner par tous les moyens – radios, IRM, psy, ostéopathe, magnétiseuse et même prostituée –, sa femme lui annonce qu’elle veut divorcer et son patron le licencie, suite aux basses manœuvres de jalousie d’un collègue.

Le malheureux finit par comprendre que la douleur n’est qu’un symptôme d’un mal-être profond et ancien, qui concerne autant l’impression de n’être pas aimé par ses parents, de n’avoir pas su rester proches de ses enfants, d’avoir abandonné ses velléités d’écriture pour un travail rémunéré et bien sûr ses relations avec son épouse. Bien loin d’être larmoyant, ce roman d’introspection est au contraire un agréable divertissement et qui, ce qui ne gâche rien, se termine bien.

* Parfois la modernité s’insinue dans la vie conjugale. Dans « la Femme infidèle » (3), Philippe Vilain imagine que c’est en lisant par hasard un SMS sur le téléphone portable de son épouse que le narrateur découvre qu’après huit ans de mariage et alors qu’il l’avait aimée pour sa droiture et sa loyauté, celle-ci a un amant. Complètement anéanti mais refusant de couper le lien qui les a unis, il ne dit rien de sa découverte mais au contraire il s’attache à ses pas et l’observe pour la voir telle qu’elle est, pour déterminer s’il veut la reconquérir et si le couple pourra surmonter ce faux pas.

* C’est également un SMS qui bouleverse la vie du narrateur de « Te rendre heureuse » (4), de Christophe Tison. Un message destiné à la femme de son ami et patron, dont il rêve de faire sa maîtresse et qu’il envoie par erreur sur le portable que sa femme a laissé à la maison avant de partir en voyage en Afrique. Pendant les 13 jours qui vont s’écouler avant que son épouse ne découvre le texto, il s’interroge sur son intention réelle de changer sa vie, sur les raisons qui l’ont amené à tromper celle qu’il aime, sur sa vie même, et sur les nouveaux moyens de communication qui accélèrent et dénaturent les relations et les valeurs.

* Seule voix féminine dans ce concert matrimonial, Catherine Guillebaud, qui dirige les éditions Arléa, a choisi de camper dans son sixième livre, « Exercice d’abandon » (5), des victimes : un homme et une femme, un couple qui s’est constitué contre toute attente parce que leurs conjoints respectifs se sont échappés sans avertir personne de leur groupe de touristes qui effectuaient une croisière sur le Mékong. À l’autre bout du monde donc, une femme et un homme qui ne se connaissaient pas vont à leur tour se rapprocher et, au fil de l’eau, à l’écart du groupe, s’interroger sur la faillite de leur couple respectif et sur l’autre.

* Pour Jessica, l’héroïne du « Silence » (6), de Jean-Guy Soumy, le premier coup de massue survient quand son mari, un mathématicien franco-américain de renommée internationale, se suicide, détruisant ainsi le bonheur qu’ils ont mis trente ans à construire. Le second coup est presque fatal, lorsqu’elle apprend que son mari n’était pas l’homme qu’elle croyait, qu’il n’est pas catholique mais juif, qu’il n’est pas fils unique mais a un frère jumeau, peut-être le vrai mathématicien génial de la famille. C’est en allant en France, au fin fond de la Creuse, que Jessica apprendra à connaître enfin son mari en découvrant son double mystérieux.

(1) Julliard, 116 p., 16 euros.

(2) Gallimard, 330 p., 19,50 euros.

(3) Grasset, 154 p., 14,95 euros.

(4) Gallimard/L’Arpenteur, 336 p., 19,90 euros.

(5) Seuil, 165 p., 17 euros.

(6) Robert Laffont, 234 p., 18 euros.

MARTINE FRENEUIL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9209