La parole se libérerait-elle enfin à l’hôpital ? Depuis quelques jours, les témoignages se font plus nombreux sur les réseaux sociaux et dans les médias sur des violences sexistes et sexuelles subies par des femmes dans le milieu médical. L’élément déclencheur ? Une enquête de Paris Match publiée la semaine dernière, dans laquelle la Pr Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, accuse l’urgentiste Patrick Pelloux de « harcèlement sexuel et moral ». Dans un post Instagram ce week-end, ce dernier s’est montré « sidéré » par ces accusations et « les rumeurs relayées dans cet article », qu’il conteste, évoquant de la diffamation. L’infectiologue a, elle, affirmé à nos confrères de France Info que son propos « n'est pas de stigmatiser une personne » mais bien d’« illustrer un problème qui est systémique ».
Cela fait en effet plusieurs années que les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le milieu médical sont dénoncées. En 2021, une enquête de l’Anemf (Association nationale des étudiants en médecine de France) illustrait le phénomène : 38,4 % des étudiantes en médecine disaient avoir subi du harcèlement sexuel pendant leurs stages hospitaliers, 49,7 % des remarques sexistes et 5,2 % des « gestes déplacés », allant des mains aux fesses aux attouchements et autres « gestes sexuels ». « L’hôpital est un lieu où les écarts de pouvoir sont extrêmement importants, ce qui explique que ce soit un terrain privilégié pour les violences sexistes et sexuelles », expliquait en début de semaine au Quotidien Marilyn Baldeck, experte du sujet et cofondatrice de la Collective des droits.
La prise de parole du Pr Lacombe fera-t-elle bouger les choses ? Les témoignages affluent auprès des syndicats étudiants, qui ont multiplié les appels aux jeunes à oser prendre la parole. Et le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, a promis sur X (ex-Twitter) de réunir rapidement « associations, employeurs et professionnels » pour « travailler sur une réponse globale et ferme », affirmant que « le sexisme et les violences sexuelles n’ont pas leur place à l’hôpital ». Près de vingt ans après le début du mouvement MeToo aux États-Unis et sept ans après l'affaire Harvey Weinstein, assiste-t-on en France aux prémices d’un #MeTooHopital, enfin ?
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