Depuis quelques années, avec les réseaux sociaux qui concurrencent les médias anciens et les algorithmes manipulés par quelques individus, le paysage de l’information change.
Un classement international
Début 2025, peu avant l’habituelle réunion du Forum économique mondial en janvier, à Davos, la 20e édition du Global Risks Report a été publiée. Organisation internationale basée à Genève, le Forum économique mondial, engagé à améliorer l'état du monde, publie ce rapport annuel. Il engage les leaders politiques, d'entreprises et d'autres membres de la société pour une orientation des agendas régionaux et industriels. Les risques environnementaux, les conflits mondiaux, économiques ou armés, sont préoccupants mais celui de la désinformation semble les dépasser.
Ce rapport présente les risques du monde à court (deux ans) et moyen (dix ans) termes. Pour ce faire, une enquête a été menée, en septembre-octobre 2024, auprès de 900 leaders mondiaux des domaines académiques, du monde de l’entreprise, des gouvernements, d’organisations internationales et de la société civile. Le « risque mondial » est la possibilité qu'un événement ou une condition qui, s'il se produit, ait une influence négative sur l'activité économique, la population ou des ressources naturelles. Ce rapport classe 33 risques mondiaux.
Jusqu’à 2027, les cinq premiers risques sont : 1) mésinformation et désinformation ; 2) événements climatiques extrêmes ; 3) conflits armés étatiques ; 4) polarisation de la société ; 5) cyber-espionnage et guerre informatique.
Mais à une plus longue échéance, le classement évolue. Ainsi, pour les dix prochaines années, les événements climatiques extrêmes arrivent en première position, suivis par la perte de biodiversité et l’effondrement des écosystèmes. En 3e et 4e positions, les experts placent les changements critiques des systèmes terrestres, puis les pénuries de ressources naturelles. La mésinformation et la désinformation restent dans le top 5 mais à la dernière position. Pour chacun de ces risques, le rapport apporte des définitions précises. Par exemple, mésinformation et désinformation sont définies ainsi : « De fausses informations persistantes (délibérées ou non) largement diffusées par les réseaux médiatiques, faisant évoluer l'opinion publique de manière significative vers la méfiance à l'égard des faits et de l'autorité. Comprend, sans s'y limiter, les contenus faux, imposteurs, manipulés et fabriqués. »
Les migrations, la pollution, l’intelligence artificielle apparaissent plus loin dans le classement des risques. Ce rapport contient aussi une enquête mondiale auprès de 11 000 leaders d’entreprises de 121 pays. Pour la France, les risques sont l’inflation, les violences (grèves, émeutes), la migration involontaire, la récession et la stagnation économique, la pénurie d’approvisionnement en eau. La France serait-elle moins affectée par la désinformation ?
Une multitude d’initiatives en France
Je ne connais pas toutes les initiatives françaises. J’ai apprécié le rapport de la commission Bronner (11 janvier 2022), intitulé « Les lumières à l’ère du numérique », avec des explications simples sur les risques liés aux algorithmes. Les États généraux de l’information (dont je parlais dans ma chronique du 4 octobre 2024) avaient organisé cinq groupes de travail : espace informationnel et innovation technologique ; citoyenneté, information et démocratie ; avenir des médias et du journalisme ; souveraineté et lutte contre les ingérences étrangères ; état et régulation. Le travail de la Fondation Descartes est intéressant ; cette initiative citoyenne, apartisane, indépendante et européenne dédiée aux enjeux de l’information, de la désinformation et du débat public dans une société démocratique a notamment organisé un colloque fin 2024 avec pour thème « Information et désinformation en temps de conflits ».
Se questionner devant toute information, évaluer les sources et preuves… permet d’exercer en permanence son esprit critique
Il existe par ailleurs une multitude d’initiatives pour détecter l’infodémie et pour former les citoyens. L’Éducation nationale développe des programmes d’éducation aux médias et à l’information. Ils devraient être poursuivis tout au long de la vie. Car les dérives, sous prétexte de respecter la liberté d’expression, observées dans d’autres pays, comme les États-Unis, nous inquiètent. Publier des tribunes, signer des pétitions semble sans grande efficacité mais c’est nécessaire ! Se questionner devant toute information, chercher son émetteur, évaluer les sources et preuves permet d’exercer en permanence son esprit critique.
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