Vivre dans un désert médical veut-il dire vivre nécessairement loin d'un laboratoire d'analyses ? La réponse est oui selon Roche Diagnostics France (filiale du laboratoire éponyme), qui publie une cartographie détaillée sur l'accès de la population aux ressources de biologie médicale.
Premier constat : 11 % de la population française (7,4 millions de personnes) vit dans un désert médical, relève l'industriel, s’appuyant sur de récents chiffres de la Drees (ministère) et de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes).
Second constat, fondé sur une enquête du cabinet de conseil Spin & Strategy ; 12,1 % de la population métropolitaine (7,8 millions d’habitants) n’a aujourd’hui aucun accès à l'un des 6 762 laboratoires d’analyses médicales existant, que ce soit en ville, à l’hôpital ou en plateaux techniques.
L’étude croise également le nombre de laboratoires rapporté à la population et leur distance à l'échelle communale pour en évaluer l’accessibilité. Verdict : les zones de « désert diagnostique » où les patients doivent parcourir plus de 25 kilomètres pour bénéficier de services de diagnostic médical appropriés sont une réalité. Les habitants des grandes villes (16,5 % de la population) bénéficient d'un tiers de l’offre de laboratoires d’analyses médicales.
Cette concentration de l'offre n'est peut-être pas une fatalité. À condition, explique Roche, de développer la biologie médicale « hors les murs ». Ce qui réclamerait de revoir la terminologie de l'offre de soins de premiers recours retenue par les pouvoirs publics, les laboratoires n'en faisant pas partie.
Concrètement, cette délocalisation (toujours sous le contrôle d’un laboratoire agréé) permettrait d’étendre l’accès de la population aux services de diagnostic médical au-delà des structures traditionnelles. Le déploiement de l’activité de prélèvements biologiques et d’analyses médicales se jouerait sur deux plans : un fixe, au niveau des laboratoires existants et dans les nouvelles unités d'examens délocalisées en zone désertiques, en l’occurrence, les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), les Ehpad et les pharmacies d’officine ; un autre mobile, avec l'appui d'infirmières libérales itinérantes. « Le potentiel de réduction des inégalités d’accès au diagnostic médical dépend du maillage des établissements cibles et du degré d’acceptabilité de ces professionnels de santé à développer une activité accessoire », écrit l'industriel, pas dupe.
Selon l'enquête, une telle approche « pourrait réduire de manière spectaculaire la population non-couverte par l’accès au diagnostic médical » (en prenant pour niveau d'analyse la maille d'un bassin de vie intercommunal, autrement appelé territoire de vie-santé —TVS). Dans le détail, celle-ci serait divisée par 2,13 dans la projection à l’ensemble des 2 214 maisons de santé du territoire et jusqu’à 13 dans la projection aux 7 129 Ehpad. Autrement présentée, l’expansion du réseau de diagnostic médical permettrait de passer de 12,1 % de Français vivant dans un désert diagnostique à 5,6 % si l’on associe les laboratoires de biologie médicale aux maisons de santé.
Selon Roche, ces projections chiffrées prouvent l’intérêt d’inclure davantage les laboratoires de biologie médicale dans les politiques publiques territoriales de réduction des inégalités d’accès aux soins, pour peu que le déploiement d’unités délocalisées de prélèvements et d’analyses soit réalisé à grande échelle. L'industriel appelle ainsi de ses vœux cette « réforme audacieuse », rappelant que si le diagnostic in vitro dans le cadre d’un laboratoire en ville ou à l’hôpital « représente 2 % des dépenses de santé », il intervient « dans 70 % des décisions médicales ».
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