« On meurt mal aujourd'hui en France », a déploré Jean-Luc Romero, président de l'Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité (ADMD), à l'occasion d'une rencontre consacrée à la fin de vie, organisée fin février dans le cadre du Grand débat. Devant un auditoire très majoritairement acquis à sa cause, l'homme politique et écrivain a fustigé le « mal mourir » : « trois lois Leonetti sur la fin de vie ont été adoptées depuis 2005 (1). Cela veut bien dire qu'il y a un problème ».
Les témoignages issus de la salle font état des lacunes de la loi actuelle qui consacre le droit à une sédation profonde et continue (SPC), sous certaines conditions. Ces récits personnels mentionnent le « manque de places dans les unités de soins palliatifs », les « réticences », voire « l'arrogance », de certains soignants face à la SPC, un « accompagnement morale et psychologique défaillant », des « médecins qui n'écoutent pas les patients », des « injections de produits inadaptés ou avec un mauvais dosage », des « sédations aboutissant à des agonies de trois semaines », etc. Pour tous les participants, la loi belge de 2002, qui dépénalise l'euthanasie active, apparaît comme un modèle du genre.
Un projet de loi déposé prochainement
Présent à ce débat, le député Jean-Louis Touraine, rapporteur de la mission d'information parlementaire sur la révision de la loi de bioéthique, a promis un prochain rapport et une nouvelle loi sur la fin de vie. « Dès la loi de bioéthique adoptée, je m'attellerai à cette question », a-t-il affirmé, rappelant que la loi de bioéthique est distincte de celle de la fin de vie, car ne relevant pas, selon Jean Leonetti, de techniques nouvelles. « Vous pouvez compter sur ma détermination », a poursuivi le député issu des rangs de la majorité. Alors que 60 % des médecins sont, selon lui, favorables à l'euthanasie, Jean-Louis Touraine assure que « si la loi passe, les médecins pourront ne pas être associés au processus s'ils y sont opposés ».
Participant également au débat, l'ancien député et candidat à l'élection présidentielle de 2002, Noël Mamère, a rappelé le chemin restant à parcourir par l'ADMD : « quand on voit que l'ouverture de la PMA prend du temps, on peut se dire que pour la fin de vie, il va falloir bousculer nos représentants et le corps médical ».
(1) Les lois Leonetti I (2005) et Leonetti II (2010) ont notamment acté le principe de l’arrêt des traitements. La loi Claeys-Leonetti (2016) a mis en place les directives anticipées.
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