En tant que porte-parole de l’hôpital public, je veux dire aux femmes qu’elles nous trouveront toujours à leurs côtés. Le service public hospitalier continuera d’être en première ligne de la défense de leurs droits.
Après des semaines de débat, les représentants de la Nation réunis en Congrès ont inscrit l’IVG dans notre Constitution, faisant de la France le premier pays au monde à donner une valeur suprême au droit fondamental des femmes à disposer de leur corps. Dans le même temps, en écho au courage de l’actrice Judith Godrèche, des dizaines de femmes de tous horizons s’expriment publiquement pour dénoncer l’omerta qui règne encore dans certains milieux sur la violence des hommes en situation de pouvoir.
Les droits avancent, la parole des femmes victimes de violences et d’emprise se libère, et partout les structures de la domination masculine se craquellent. La société française traverse un moment de vérité. Cette lame de fond était attendue, elle doit maintenant être encouragée, sans relâche, et poursuivie par toutes et tous, sur tous les terrains.
Le service public hospitalier en première ligne
En tant que porte-parole de l’hôpital public, je veux dire aux femmes qu’elles nous trouveront toujours à leurs côtés. Le service public hospitalier continuera d’être en première ligne de la défense de leurs droits.
Droit à disposer librement de leur corps d’abord, avec deux tiers des IVG pratiquées au sein des établissements hospitaliers. Droit à la protection en cas de violences aussi, grâce aux Maisons des femmes qui commencent à s’installer au sein des hôpitaux publics en lien avec les équipes soignantes, par exemple à l’AP-HP ou au CHU de Tours ou bien au CH de Roubaix, via le dispositif Daphne (Dispositif renforcé d’accompagnement à domicile). Sans oublier le droit à la reconnaissance dans un secteur où les femmes travaillent à tous les étages – qu’elles soient médecins, sages-femmes, techniciennes, ingénieures, aides-soignantes, infirmières, pharmaciennes, assistantes sociales, formatrices, ou encore directrices.
Les femmes sont des vigies particulières de l’intérêt général et des droits. Des battantes, qui occupent trop souvent les postes les plus précaires et les plus pénibles, y compris à l’hôpital, où paradoxalement, elles sont plus nombreuses, souvent hautement qualifiées mais encore loin d’exercer à l’égal des hommes des postes à hautes responsabilités. C’est grâce à elles que nous gagnerons le combat pour l’égalité en santé.
La médecine, construite sur un modèle masculin
Il faut bien l’admettre : nous pouvons collectivement faire plus et faire mieux pour améliorer encore notre prise en charge de la santé des femmes. Cela a été montré par la Haute autorité de santé (HAS) comme par le Haut conseil à l’Égalité : parce que la médecine s’est construite avec le masculin pour modèle, beaucoup d’enjeux spécifiques à la santé des femmes restent méconnus et insuffisamment travaillés. On sait par exemple qu’un meilleur dépistage des pathologies gynécologiques et des symptômes spécifiques aux maladies cardiovasculaires des femmes permettrait d’éviter 90 % des cancers du col de l’utérus et 80 % des maladies cardiovasculaires.
Le combat pour l’égalité est donc loin d’être terminé. Il demandera d’autres conquêtes, dans le champ de la santé comme ailleurs, mais aussi une volonté ferme de les garantir pour l’avenir, dans la lignée du choix des parlementaires de protéger la liberté d’avoir recours à l’IVG. Je sais que l’hôpital public et ses femmes sauront être, non pas seulement au rendez-vous, mais bien à l’avant-garde de cette bataille.
Cette contribution n’a pas été rédigée par un membre de la rédaction du Quotidien mais par un intervenant extérieur. Nous publions régulièrement des textes signés par des médecins, chercheurs, intellectuels ou autres, afin d’alimenter le débat d’idées. Si vous souhaitez vous aussi envoyer une contribution ou un courrier à la rédaction, vous pouvez l’adresser à aurelie.dureuil@gpsante.fr.
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