Après les attaques contre la recherche, faut-il redouter des coupes massives dans les grands programmes santé fédéraux aux États-Unis ? De retour à la Maison Blanche, Donald Trump avait initialement assuré qu’il ne « toucherait pas » à Medicaid, programme géré par le pouvoir fédéral et les États, qui fournit une couverture d'assurance-maladie aux familles à faibles revenus, aux personnes âgées et aux handicapés. Mais la question se pose désormais de savoir si cette dotation massive, considérée comme intouchable, risque d’être rabotée. Et ce alors que Medicaid permet à un nombre d’hôpitaux de fonctionner, en particulier dans les États ruraux.
De fait, le programme Medicaid, qui offre une couverture médicale à 72 millions d’Américains déshérités ou à faibles revenus, pourrait subir des coupes budgétaires conséquentes. Les élus républicains de la Chambre des représentants ont en effet adopté une résolution pour prolonger des baisses d’impôts, conformément à la promesse du président Trump. Afin de les financer, ils ont demandé à la commission de l’énergie et du commerce, qui chapeaute Medicaid, de réduire ses dépenses de « 880 milliards de dollars sur dix ans »…
Tous ceux qui dépendent de Medicaid sont en danger
Edwin Park, professeur de recherche à la McCourt School of Public Policy de l’Université de Georgetown
Problème : pour tous les experts, il est impossible d’atteindre cet objectif considérable d’économies sans toucher au programme de santé dans un pays où les frais atteignent des sommets. « Les détails de la résolution auront leur importance - chaque État sera touché et la gravité de l’impact variera - mais tous ceux qui dépendent de Medicaid sont aujourd’hui en danger », a déclaré au New York Times Edwin Park, professeur de recherche à la McCourt School of Public Policy de l’Université de Georgetown.
Pour convaincre l’opinion du bien-fondé de leur démarche sur ce sujet hautement sensible, les élus républicains n’ont pas encore précisé les pans du programme visés par ces coupes budgétaires. À ce stade, ils ont mis en avant leur volonté d’endiguer la fraude autour des soins médicaux. Certains think tanks spécialisés en déduisent que le pouvoir fédéral laissera aux États la décision de baisser le nombre de bénéficiaires de Medicaid, le volume de prise en charge des remboursements ou la quantité d’actes entrant dans le périmètre. Une façon pour l’administration Trump de raboter le panier de soins sans assumer totalement les choix opérés.
600 milliards de dollars par an
Mais déjà, la société indépendante spécialisée dans la santé KFF a estimé que 15 % des bénéficiaires de Medicaid pourraient en être radiés si les États réduisaient l’éligibilité au programme proportionnellement aux coupes dans les dépenses fédérales. « Au-delà de la réduction des dépenses et des inscriptions à Medicaid, il pourrait y avoir une augmentation du nombre de personnes non assurées, une diminution des prestations couvertes pour les futurs inscrits à Medicaid et une réduction des revenus disponibles pour les hôpitaux et les établissements de soins infirmiers », anticipe encore KFF dans une étude.
Créé en 1965, Medicaid a été étendu par l’Affordable Care Act en 2010, plus connu sous le nom d’Obamacare. En pratique, chacun des 50 États possède son propre fonctionnement et ses critères d’éligibilité. Les États couvrent le coût initial des soins remboursés par le programme et sont ensuite remboursés par l’administration fédérale à hauteur d’au moins 50 % – la part pouvant grimper jusqu’à 70 % dans les États les plus pauvres.
Au total, Medicaid coûte en moyenne 600 milliards de dollars par an au niveau fédéral (exercice 2025).
Mardi 4 mars, lors de son discours devant le Congrès, le président Trump avait été interrompu par l’élu démocrate Al Green lui criant qu’il n’avait « pas de mandat pour réduire Medicaid » pendant que d’autres parlementaires de l’opposition tenaient des écriteaux sur lesquels il était écrit noir sur blanc : « Sauvez Medicaid ».
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