Quel est le niveau de participation des paramédicaux hospitaliers à la grève contre la réforme des retraites le 7 mars dernier ?
Nous n'avons pas de chiffres précis. Mais il y a eu une présence forte des personnels hospitaliers dans les manifestations, soit 300 actions dans les établissements en France, qui consistaient à un moment de débrayage dans le hall ou à l'entrée de l'hôpital où les personnels assignés venaient exprimer leur mécontentement. Le 8 mars, 150 actions ont eu lieu lors de la Journée des droits de la femme.
Comment les personnels soignants réagissent à cette réforme ?
La colère ne fait qu'augmenter face à cette réforme qui frappe beaucoup les femmes qui représentent 88 % de la profession infirmière. Il faut le savoir, la retraite pour les infirmières hospitalières était à 55 ans jusqu'en 2010, année de la réforme de Roselyne Bachelot qui les a contraintes à travailler cinq ans de plus, avec le passage de la catégorie active à la catégorie sédentaire, ce qui les a fait rentrer dans le régime commun de 62 ans. Dans le projet actuel, il est question de passer à 64 ans, soit neuf années supplémentaires. D'où le blocage de la profession qui refuse cette charge supplémentaire.
Quelles sont les conditions de départ actuelles dans la profession ?
Selon des données de notre caisse de retraite, une infirmière pensionnée va mourir à 78 ans contre 85 ans pour les autres femmes, soit sept années de vie en moins. D'autre part, 20 % des infirmières et 30 % des aides-soignantes arrivent à la retraite avec un taux d'invalidité. Pire, alors que 60 000 postes sont déjà vacants sur le territoire hexagonal, rajouter deux années de galère ne va pas améliorer la fidélisation et renforcer l'attractivité. En témoigne le fait que les collègues qui prolongeaient leur carrière pour avoir une surcote se précipitent désormais pour faire valoir leurs droits à la retraite afin de ne pas être frappées par la réforme qui doit prendre effet en septembre.
Selon l'exécutif, cette réforme devrait permettre de prendre en compte la pénibilité et notamment des femmes. Qu'en est-il dans le détail des mesures du projet actuel ?
Il est question de renforcer les mesures de pénibilité. Mais le compte de prévention de la pénibilité (C2P) dans le secteur privé est une arnaque. Il n'a concerné en 2020 que 0,45 % des départs à la retraite de l'année, soit 3 086 salariés sur 690 000 nouveaux retraités, selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse.
Si la réforme est entérinée, comment vont réagir les personnels de santé ?
Nos conditions de travail sont de plus en plus pénibles. Notre charge ne fait qu'augmenter et aggrave la perte de sens de notre profession. Nous passons nos journées à courir d'un patient à l'autre sans tenir compte de notre cœur de métier. Pendant nos études, on nous enseigne que le patient est unique et doit être traité comme tel. Et une fois dans l'hôpital, on nous parle de tarification à l'activité, de GHM, de GHS, bref un processus industriel qui sans doute fonctionne très bien pour des boîtes de sardines ou de boulons, mais certainement pas pour une prestation de soin. Or l'attente du patient est que l'infirmière décode le discours médical pour expliquer le diagnostic et le traitement annoncés par le médecin. Nous devons lui expliquer son chemin de vie avec la maladie. Mais nous avons de moins en moins de temps pour le faire. Résultat, 30 % des infirmiers abandonnent la profession avant cinq ans d'ancienneté. Sans compter le nombre d'abandons (37 %) de ceux qui arrêtent avant la fin de leur cursus. Avons-nous été revalorisés à la hauteur de nos efforts ? Certainement pas. Pour la permanence des soins la nuit, la prime est passée de 1 euro brut de l'heure à 2 euros, soit un doublement selon le gouvernement. Sans commentaire.
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