L'effet des annonces d'Emmanuel Macron sur la campagne de vaccination n'aura finalement duré qu'un temps. Quelques semaines après l'allocution présidentielle qui avait fortement dopé le nombre de rendez-vous pris et le nombre d'injections réalisées, le ministère de la Santé constate une légère accalmie.
Dans son traditionnel point hebdomadaire, le ministère reconnaît « un petit ralentissement principalement lié un phénomène de demande ». En effet la semaine du 2 août, seulement 3,5 millions d'injections (dont 2,1 millions de primo injections) ont été effectuées (contre 4,3 millions la semaine précédente). En ville avec Moderna, le nombre d'injections reste tout de même conséquent avec près de 500 000 injections réalisées la semaine dernière.
500 000 créneaux disponibles non pris
Est-ce l'effet mois d'août ? Selon le ministère, ce fléchissement n'est en tout cas pas dû à un manque de rendez-vous disponibles. Selon lui, près de « 500 000 rendez-vous en primo injections » sont restés vacants ces dernières semaines et il reste « encore 1,4 million de rendez-vous » à pourvoir dans les prochaines semaines.
Pour autant le ministère n'entend pas tirer un trait sur son objectif de 50 millions de primo injectés d'ici la fin du mois d'août et reste confiant. « L'effet de boost des annonces de l'exécutif est en partie dernière nous mais ça ne veut pas dire que l'arrêt est total. (...) Le nombre de rendez-vous pris pour primo injections se situe entre 100 000 et 150 000 par jour, c'est un niveau satisfaisant », relativise-t-il.
67 % de primo vaccinés en France
Selon les chiffres arrêtés lundi 9 août, « 67 % de la population » (45,2 millions de personnes) ont reçu au moins une dose de vaccin. Cela porte donc à « 5 millions » le nombre de personnes à vacciner avant la fin du mois août. Un objectif « largement à notre portée », estime le ministère qui mise sur un « rebond au retour des vacances ».
Pourtant la couverture vaccinale des plus de 80 ans (84 %) reste encore « trop faible ». L'effort doit donc se poursuivre selon le ministère qui compte notamment sur les médecins pour aller chercher « les plus fragiles et vulnérables. »
Le ministère rappelle d'ailleurs la possibilité qu'ont les médecins traitants d'accéder, depuis le 29 juillet, à un « tableau de bord automatisé et disponible sur les logiciels métiers » qui répertorie la liste de leurs patients non-vaccinés. « Près de 13 000 médecins libéraux (sur 50 000) en ont déjà fait la demande », souligne le ministère.
Flambée de l'épidémie dans les Antilles françaises, léger frémissement de la vaccination
Dans les Antilles françaises où l'épidémie flambe (2 000 cas pour 100 000 habitants), les équipes de soignants « sont très mobilisés dans la prise en charge des patients atteints de formes graves du covid », fait valoir le ministère. Avant de rappeler que près de 270 professionels de santé sont arrivés en renfort de la métropole.
Et au vu de la couverture vaccinale très faible du territoire par rapport à la métropole, les soignants se mobilisent aussi fortement dans la campagne de vaccination malgré le « volume important de personnes non éligibles à la vaccination car soit positifs soit cas contacts ». Le ministère constate tout de même un « léger frémissement (à confirmer dans les prochains jours) » de la vaccination (+18 %) par rapport à la semaine dernière.
À quand la 3e dose ?
Face à cette quatrième vague qui sévit aussi dans plusieurs départements de la métropole, la question du rappel de la vaccination (ou 3e dose) est également au cœur des préoccupations du ministère.
Et si pour l'instant « aucun avis scientifique n'est encore stabilisé sur la nécessité ou non de proposer une dose de rappel à l'ensemble de la population » ou seulement aux personnes vulnérables, le ministère n'exclut pas cette possibilité.
« Un consensus en faveur d'un rappel du vaccin pour une partie de la population se forme avec l'avis de la HAS (Haute Autorité de santé, ndlr), du conseil scientifique et du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale », informe le ministère dans son point hebdomadaire.
« Sous réserve d'un avis favorable de l'EMA puis de la HAS, les résidents d'Ehpad, les personnes âgées de plus de 80 ans à domicile, les personnes à très hauts risques de formes graves du Covid (selon la liste Fischer) et les personnes immunodéprimées (déjà 100 000 ont reçu une 3e dose) pourraient bénéficier d'un rappel », ajoute ainsi le ministère.
Un rappel dès septembre pour les plus fragiles
Les commandes pour les résidents d'Ehpad devraient être ouvertes « dès la fin du mois août », avance le ministère. S'agissant des personnes de plus de 80 ans, des personnes à très hauts risques et des immunodéprimés, « les rendez-vous seront ouverts (dans les centres de vaccination et les officines) dès le 1er septembre pour des rappels dès le 15 septembre ». Dans son intervention, le ministère a par ailleurs ajouté que les personnes vaccinées avec Pfizer auraient la possibilité de faire leur dose de rappel avec du Moderna.
Au total, « 5 millions de personnes » seraient concernées par ce rappel, selon le ministère. Pour rendre cette campagne de rappel « plus fluide », Ségur table également sur une arrivée très prochaine de Pfizer en ville.
Opérations spéciales dans les établissements scolaires et les entreprises
Par ailleurs, le ministère a annoncé organiser dès la rentrée des « opérations renforcées pour les adolescents » dans les établissements scolaires notamment. Depuis fin juillet, les 12-17 ans sont désormais éligibles à la vaccination avec Moderna. Des commandes de Moderna seront également ouvertes aux entreprises pour permettre à leurs salariés de se faire vacciner sur leur lieu de travail.
Certificat de contre-indication à la vaccination
Les personnes exemptées de vaccination pour raisons médicales pourront obtenir un certificat de contre-indication auprès de leur médecin. Ce certificat « sera transmis à l'Assurance maladie qui sera en charge de générer un passe sanitaire à ces personnes », informe le ministère.
Par ailleurs, la Cnam disposera « des numéros RPPS des médecins afin de détecter d'éventuelles fraudes », prévient le ministère. « Un professionnel de santé qui aurait émis un faux certificat se risque à une sanction pénale voire ordinale », a-t-il conclu.
*Le 10 août 2021, la couverture vaccinale des 12-17 ans se situait à 49 %, celle des 18 ans et plus à 81 %, celle des 50 ans et plus à 86 %, celle des 60 ans et plus à 87 % et celle des plus de 80 ans à 84 %.
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