Ce mardi 27 juin à Paris, David Djaïz, rapporteur général du CNR, anime une rencontre au Haut-commissariat au plan. Deux projets, issus des CNR Santé, sont présentés par les principaux acteurs de terrain, afin de partager les initiatives qui marchent.
Le premier projet présenté est celui de la CPTS du Pays de Lunel, dans l’Hérault, qui couvre 14 communes, soit 50 000 habitants. Un territoire a priori attractif, explique Matthieu Pardell, directeur départemental Hérault de l’ARS Occitanie. « Notre démographie médicale est de qualité avec 1 300 médecins, mais plus de 30 % d’entre eux ont plus de 60 ans. » Et ici, la coordination est une dynamique : 33 maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) sont implantées, ainsi que 13 CPTS.
Une politique locale d’« aller vers »
Le Dr Cédric Alinat, généraliste, coprésident de la structure, explique la genèse du projet. « Nous voulions avec quelques libéraux créer un programme d’éducation thérapeutique pour des patients diabétiques. Puis nous est venu l’envie de créer une MSP multisites… nous avons invité une centaine de libéraux pour en parler dans le cadre du CNR Santé et, finalement, nous avons créé la première CPTS d’Occitanie à signer l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI) avec l’Assurance maladie. »
Sur ce territoire, 23 % de la population est en dessous du seuil de pauvreté, donc les équipes de la CPTS mènent une politique d’« aller vers » pour soigner la population et pour communiquer sur leur offre de soins. Quotidiennement, la CPTS travaille avec les CPAM sur le dépistage, la prévention et les personnes en ALD sans médecin traitant.
25 généralistes pour assurer les gardes
Côté pratique, la CPTS fonctionne avec deux salariés. Et « sur 337 professionnels de santé, 265 adhèrent à notre CPTS, dont 50 médecins. Aussi, le week-end, 25 généralistes tournent pour assurer les gardes », raconte le Dr Alinat.
Catherine Vigoureux, directrice de la structure, complète. « La CPTS est un outil qui rend visible l’offre de soins et les ressources, en le couplant à des outils démographiques… ce qui nous offre un outil de pilotage. » Un des projets concerne la santé mentale. « Un répertoire est mis à disposition des soignants. Sous huit jours, un généraliste peut avoir un avis d’un psychiatre dans une clinique ». Chose rare puisque le territoire souffre d’un manque chronique de ces spécialistes.
Des protocoles pour gagner du temps médical
Autre exemple positif lié à la mise en place du CNR Santé cette fois-ci en Haute-Saône. Le Dr Martial Olivier-Koehret est généraliste et président de la CPTS de Luxeuil-les-Bains. Il raconte à la salle ce que propose sa structure aux habitants du département. « Les protocoles écrits comprennent la prise en charge des angines et des infections urinaires, par un test réalisé chez le pharmacien et une prescription d’antibiotiques. Nous répartissons les 25 euros entre le médecin déléguant (5 euros) et le délégué – pharmacien ou infirmier diplômé d’État (IDE) – (20 euros). »
« Les protocoles représentent 100 actes par trimestre, soit 100 consultations en moins ou 30 par mois pour les généralistes », abonde Sophie Salomé, pharmacienne vice-présidente de la CPTS.
« Grâce à notre organisation », rapporte le Dr Olivier-Koehret, la CPTS couvre 47 000 personnes et propose d’autres initiatives, comme un service d’urgence podologique et bientôt un bilan optique chez les opticiens ou encore une coopération avec les dentistes. « La forme CPTS est une chance, car elle nous permet de nous organiser et apprendre à travailler ensemble. Nous échangeons donc avec les partenaires territoriaux de façon régulière (ARS, CPAM etc.) », ajoute-t-il.
Une intelligence collective
Présent à cette rencontre autour du CNR Santé, le conseiller santé de la première ministre, Cédric Arcos, a déclaré aux différents acteurs : « tout ce que vous nous rapportez aujourd’hui nous oblige à vous aider, car l’idée de l’action du gouvernement, c’est de déverrouiller. Le sujet qui illustre bien cela est la capacité de déroger que nous avons permis depuis le mois d’avril pour les directeurs d’ARS. Ça ne fait pas la Une du 20 heures, mais c’est important ! »
Également assise dans la salle du Haut-commissariat au plan, Fadila Khattabi, présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, a elle insisté sur « l’intelligence collective, notamment des délégations de tâches, qui sont une réponse aux difficultés d’accès aux soins et qui fonctionnent… la preuve ! » Début mai, le gouvernement a annoncé la pérennisation des CNR Santé au niveau territorial.
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