« Demain, vous serez ministre de la santé… » Par ces mots débute la lettre ouverte du président de l’UFML-S, Dr Jérôme Marty, à destination du futur occupant de Ségur. « Comme vos prédécesseurs, il est probable que ne vous mesurerez pas l’état de notre système de santé », écrit le médecin généraliste de Fronton (Haute-Garonne). « Cette lettre a pour but de vous ouvrir les yeux et de vous mettre, avant votre prise de fonction, devant vos responsabilités », précise-t-il.
« Depuis des années, nous alertons sur les dégradations des soins et sur les difficultés que nous rencontrons pour garantir à chaque femme et homme de ce pays tant la qualité du soin que l’égalité devant le soin », poursuit-il. Avant de citer les raisons de l’effondrement du système de santé selon lui : « trop de centralisations, de destruction de la proximité, de restructurations, de regroupements, trop d’hôpitaux usines, trop d’idéologie, trop de mépris, trop d’ignorance, trop d’économies, d’encadrement, trop d’efficience et la casse organisée et méthodique de la médecine libérale et hospitalière ».
Les soignants sont épuisés
Le chef de file de l’UFML-S présume que « qui que vous soyez, vous avez forcément un passé politique, et vous portez donc une part de responsabilité face à l’inaudiblité de ces appels, et dans la mise en œuvre des réformes, souvent inadaptées, parfois déstructives et au final régulièrement inutiles ». Il cite comme inefficaces pour résoudre la crise : la transformation du numerus clausus en numerus apertus, la quatrième année d’internat en médecine générale, le Ségur de l’Hôpital, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), le Service d'accès aux soins (SAS), les maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), l’ouverture des actes médicaux à d’autres professions, les pharmaciens et infirmiers référents.
Pourtant, les soignants tiennent, grâce à leur « engagement éthique et déontologique », leur « résilience », leur « capacité d’adaptation », leur « professionnalisme ». Mais, regrette le Dr Marty, face à une demande de soin qui ne cesse d’augmenter, ils s’épuisent.
Accepter le dialogue social
Plus loin, l’omnipraticien s'adresse au futur membre du gouvernement, chargé de la santé : « qui que vous soyez, vous devez prendre conscience de l’urgence. » Et le futur ministre aura, selon lui, la responsabilité de « réunir les représentants des professionnels de santé autour d’une même table, en une conférence de santé permanente, au-delà des secteurs, au-delà des exercices » et il devra accepter le dialogue et de faire de Ségur une administration au service des professionnels de santé, « facilitatrice et à l’écoute ». Aussi, « leur donner les moyens de faire et faire avec eux » et les considérer comme « partenaires ».
Le Dr Marty termine sa lettre en écrivant au futur ministre de la Santé que, au nom des professionnels de santé, « nous vous attendons d’une façon ou d’une autre, prêts à agir ». Il faudra encore attendre pour connaître l’identité du prochain occupant de Ségur.
Contacté, l’omnipraticien estime que « Nicolas Revel a ses chances. C’est une personne assez ouverte, qui discute et qui comprend. Mais a-t-il soupesé la réelle urgence ? L’erreur du politique serait de dire que cette situation dramatique peut être résolue en quelques mois. » En tout cas, ironise-t-il, « mon téléphone n’a pas sonné ! »
Lettre ouverte au futur Ministre de la santé.
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) May 18, 2022
« Nous n’avons pas besoin de nous connaître, la crise est là, historique, sans précédent, terrible »
« Cela fait 25 ans que j’exerce et, je l’affirme, jamais nous n’avons connu cela, jamais » pic.twitter.com/Do82vSpyFO
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