La santé s’invite comme un sujet majeur des questions au gouvernement (QAG). Mardi 19 novembre, ce fut le cas, avec pas moins de quatre interventions de députés directement adressées à Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, mise à rude épreuve devant la virulence de certains élus.
Deux apostrophes, émanant de la gauche, ont porté sans surprise sur la hausse, annoncée la veille au Sénat, du ticket modérateur sur les consultations médicales et les médicaments, de +5 % chacun. Yannick Monnet (Gauche démocrate et républicaine) a dénoncé un « acte de violence inouïe » pour les patients, dont certains renoncent déjà à se soigner pour des raisons financières et qui subiront aussi une augmentation inévitable des cotisations des mutuelles. La députée écologiste Sandrine Rousseau, dans la même veine, a souligné l’absence de débat parlementaire sur ce sujet puisque cette mesure sera entérinée par voie règlementaire et non pas législative. Bernard Chaix (Union des droites pour la République), plus tard, a glissé que « le reste à charge est trop cher » pour les Français.
Vigilance sur les tarifs
Dans ses réponses sur la baisse du remboursement de la part Sécu sur les consultations et les médicaments, la ministre, parfois chahutée par la gauche, s’est employée à montrer qu’elle avait plutôt gagné les derniers arbitrages : alors que Bercy espérait de cette réforme 1,1 milliard d’économies, le transfert de dépenses vers les complémentaires a été réduit à 900 millions puisque la hausse du ticket modérateur, imaginée initialement à hauteur de 10 %, est passée à 5 %… Bref, le pire a été évité, a-t-elle semblé signifier aux députés.
Quant aux personnes les plus modestes, la ministre a mis en avant le levier de la complémentaire santé solidaire (C2S), dispositif qui sera rendu « accessible aux plus fragiles », notamment aux retraités sans mutuelle. Des actions seront menées pour réduire le taux de non-recours à ce droit. Geneviève Darrieussecq a aussi rappelé que 13 millions de personnes en ALD ne seraient pas impactées par cette mesure.
La ministre de la Santé a promis une nouvelle fois de « travailler » avec les complémentaires santé, sans plus de précisions, pour qu’elles ne répercutent pas de hausses excessives de tarifs en 2025 sous prétexte de ce transfert de charges. Selon une enquête de la Mutualité française, le prix moyen des mutuelles santé a augmenté de 8,1 % en 2024. Ces mutuelles, a glissé la ministre goguenarde, « ne sont pas toujours philanthropes… »
Ingénierie territoriale
Une autre députée de gauche, Murielle Lepvraud (LFI), a interpellé la ministre sur les difficultés d’accès aux soins et l’avenir du système de santé, « pour les riches ? » La locataire de Ségur a qualifié ce propos de « caricatural », avant d’expliquer qu’il faut « attendre le temps de formation de médecins », incompressible, puisque la difficulté majeure reste la démographie médicale. Mais en situation de crise, l’heure est également à « l’agilité, l’innovation et l’ingénierie territoriale », citant l’exemple des médicobus, « une solution » contre la désertification médicale très souvent citée par l’exécutif.
Interrogée enfin sur la situation difficile des hôpitaux publics par Claire Marais-Beuil (RN), la ministre de la Santé a relativisé. « Nous sommes pris en charge et même bien pris en charge en France ! », a-t-elle clamé, reconnaissant toutefois « des difficultés dans les services d’urgence, car chargés des soins non programmés ». La mise en place généralisée du service d’accès aux soins (SAS) et la montée en puissance de l’hospitalisation à domicile (HAD) font partie des réponses pertinentes.
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