Les territoires ultra-prioritaires sont désormais identifiés. Les fameuses « zones rouges » évoquées par François Bayrou, autrement dit les territoires les plus frappés par la désertification médicale, ont été dévoilées ce vendredi 27 juin par le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins Yannick Neuder.
Il s’agit de 151 intercommunalités – principalement dans le centre et le sud-Ouest de la France hors littoral – qui doivent bénéficier, dès le mois de septembre, du renfort ponctuel de médecins généralistes installés, eux, dans des zones mieux pourvues. Si la mission de solidarité avait été définie par François Bayrou comme « obligatoire », jusqu’à un à deux jours par mois, les généralistes, écrit cette fois le ministère de la Santé, seront mobilisés dans un premier temps sur la base du volontariat, une sémantique moins urticante.
Cette mesure phare du pacte Bayrou anti-déserts médicaux a été votée au Sénat dans le cadre de la proposition de loi (PPL) portée par le président de la commission des affaires sociales Philippe Mouiller (Les Républicains) le 13 mai.
Le gouvernement avait même durci le texte en introduisant des pénalités allant jusqu’à 1 000 euros par jour en cas de refus d’un médecin désigné qui refuse de jouer le jeu. Mais cette PPL doit encore être examinée à l’Assemblée nationale à l’automne. Ce qui signifie, en clair, que le dispositif de solidarité territoriale lancé dès le mois de septembre correspondra seulement à une « phase pilote », ce que confirme Ségur. Dans l’attente de l’adoption des dispositions législatives examinées par le Parlement, cette mesure « permettra à tous les médecins généralistes volontaires de venir renforcer, sur une partie de leur temps, l’offre de soins dans 151 zones identifiées comme prioritaires », insiste Ségur. Une façon pour l’exécutif de tester l’efficacité de la réforme dans les zones rouges déjà déterminées (carte).

« On ne règle pas les déserts médicaux », constituant 87 % du pays, a admis ce vendredi le ministre de la Santé Yannick Neuder, au micro de BFM-TV. Le cardiologue isérois précise qu’il s’agit d’une « première étape », ces zones regroupant seulement 2,5 millions de patients, soit 4 % de la population.
L’indicateur de zonage territorial se base sur un « cumul des fragilités » qui croise la densité médicale (accessibilité potentielle localisée) pondérée par rapport au niveau d’activité des soignants et l’âge de la population, la part de personnes en ALD, le temps de route jusqu’aux urgences les plus proches ou encore le niveau de vie des ménages. Ce travail de découpage rapide a été finalisé « avec les préfets, les agences régionales de santé, les élus locaux, et également les professionnels de santé, pour identifier les secteurs particulièrement désertiques », explique Yannick Neuder pour couper court aux reproches d’une cartographie arbitraire.
Diagonale du vide
Les territoires concernés, principalement ruraux, vont du Nord-Est au Sud-Ouest – en passant par la Creuse, l’Yonne, la Nièvre, l’Indre, l’Allier, la Dordogne, le Cher, la Haute-Marne, le Gers, le Lot-et-Garonne, le Tarn, l’Aude ou les Landes.
Reste la question principale : ce mécanisme de solidarité territoriale sera-t-il opérationnel ? La logistique suivra-t-elle pour réaliser ces consultations avancées ? Pour le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France, la cartographie est globalement « cohérente », même s’il constate que Paris, « le plus grand désert en médecin généraliste », n’est pas concerné. Pour l’omnipraticien limousin, reste à savoir s’il y aura assez de cabinets libéraux et de lieux de consultation disponibles pour accueillir leurs confrères en renfort et prendre en charge les patients.
De son côté, le président des Généralistes-CSMF, le Dr Luc Duquesnel, assure que les libéraux feront toujours preuve d’« agilité pour répondre aux demandes de soins ». Charge aux ARS de « constituer un pool de remplaçants » et au gouvernement de proposer une incitation financière suffisante pour mobiliser la profession dans ce dispositif. Mais, prévient-il fermement, « si l’on nous menace de sanction financière, ce sera “non” tout de suite », une position déjà exprimée par MG France.
Septembre sera donc le premier étage de la fusée. « On va inciter les médecins et, après, il faut roder le système, trouver les lieux, ces maisons médicales, ces bureaux qui sont disponibles pour accueillir les patients », énumère Yannick Neuder. Cette première carte permet également au ministère de se projeter à l’automne 2026 et ainsi « de travailler les lieux où vont pouvoir s’installer » les 3 700 nouveaux docteurs juniors (en quatrième d’internat de médecine générale), ajoute-t-il. Pour Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités), l’accès aux soins « ne peut plus dépendre uniquement de la bonne volonté ou du sacrifice de quelques-uns, il doit être garanti dans un principe de solidarité et de fraternité ».
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