Notre système de santé est divers dans ses réalités géographiques, territoriales et sectorielles. Or, l’approche des pouvoirs publics est désormais fondée sur des logiques transversales. Par exemple, la notion de parcours de soins est une « révolution intellectuelle » qui casse les « lobbys traditionnels classiques ».
Encore faut-il que cette notion de parcours soit précisée par les pouvoirs publics et que « nous passions de l’incantation à la réalité ». Mais, pour le directeur de l’agence régionale de santé de la région Paca, ce thème est porteur d’évolution, de développement et d’adaptation. En effet, notre système français est particulièrement sectorisé dans ses pratiques médicales et dans ses réalités patrimoniales. Ainsi, dans le champ médico-social, les acteurs, ministère, département, ont chacun une fonction précise. Et, les relations sont, par nécessité, partenariales. Elles sont fondées sur des conventions tripartites qui créent des interdépendances entre les acteurs. Nous assistons à une « évolution positive et silencieuse ». Pour autant l’ensemble des acteurs, dont le secteur libéral, doit s’engager et on voit que la conciliation est difficile entre les acteurs. Chacun doit repenser son rôle et en particulier le service public.
Attirer
La T2A mise en place il y a dix ans a été, sans aucun doute, un choc. La structure publique s’est finalement bien adaptée. Mais il faut la repenser car le fonctionnement diffère entre le secteur public et le secteur privé. Le raisonnement politique ne peut exclure le secteur privé, tant il occupe une place importante dans le système de santé. La rareté des ressources humaines oblige le système à s’adapter. C’est la pénurie de certaines spécialités dont les anesthésistes et les gynéco-obstétriciens qui définit la carte de l’offre sanitaire. S’il n’y a pas de gynéco-obstétriciens, il n’y a plus de maternité. S’il n’y a pas d’anesthésistes, il n’y a plus de chirurgie. Cette réalité n’est pas acceptable. Et, « on fait des contorsions infinies pour attirer des jeunes médecins ». En définitive, on créé des « mercenaires ». Un autre point faible est le manque d’investissement. « Si on n’est pas capable d’offrir un nouveau matériel et des équipements médicaux innovants on affaiblit le système de santé. »
Solidarité
La logique aujourd’hui qui prévaut en termes de régulation du système de santé est d’agir sur les prix des prestations. Cette régulation est nationale. Le même tarif s’applique à tout le monde. Il n’y a pas d’exception régionale, pas de modulation territoriale. Or, la pertinence des soins devrait être mise en exergue, même si ce n’est pas facile. La logique territoriale devrait, selon le dirigeant du système de santé, rendre les acteurs publics et privés plus solidaires. La réflexion territoriale les amènera à gérer les contradictions qui existent. Pour progresser, il faut enrayer les divergences entre les secteurs sur la base de stratégies communes autour des territoires. En d’autres termes, il faut faire preuve de souplesse et savoir réinjecter les économies effectuées en direction des secteurs que l’on veut privilégier.
Rencontre avec Claude d’Harcourt, directeur général de l’agence régionale de santé de Provence-Alpes-Côte-d’Azur devant le groupe santé de Science Po, le vendredi 28 avril 2017, à Paris.
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