Face au déficit chronique des comptes sociaux, le président de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF), Éric Chenut, s’est dit « préoccupé » ce mercredi 22 janvier, lors de ses vœux à la presse. Ce dernier, qui sera reçu jeudi par les ministres Catherine Vautrin (Santé, Travail, Solidarité, Familles) et Yannick Neuder (Santé et Accès aux soins) a toutefois été rassuré par la volonté d’une approche pluriannuelle sur la santé, mentionnée par François Bayrou, dans son discours de politique générale le 14 janvier.
Le Premier ministre avait évoqué la nécessité d’une loi de programmation pluriannuelle en santé, « une nécessité impérative », juge Éric Chenut, qui l’oppose « aux coups de rabots et autres transferts pas à la hauteur » des enjeux du vieillissement de la population, du bien-être des populations et de l’adaptation aux nouvelles technologies. Le nouvel objectif national de dépense d’Assurance-maladie (Ondam), fixé à 3,3 % (contre 2,8 % auparavant) lui paraît, en ce sens, « plus réaliste ».
Nous ne voyons pas pourquoi nous devrions être les variables d’ajustement de décisions budgétaires qui ne nous regardent pas
Eric Chenut, président de la FNMF
Face à une probable nouvelle ponction fiscale sur les complémentaires santé (sous forme d’une augmentation de la taxe de solidarité additionnelle, après l’abandon de la hausse du ticket modérateur initialement redoutée et anticipée par les mutuelles), le président de la Mutualité est resté ferme. « Ce serait surréaliste de demander une forme de rétribution, alors que la majorité des organismes n’ont pas pris en compte cette mesure dans leur calcul de cotisations », a-t-il plaidé, tandis qu’en moyenne, les mutuelles augmenteront leurs tarifs de 6 % en 2025. Et de marteler : « On ne peut pas substituer ce transfert par un autre… Nous ne voyons pas pourquoi nous devrions être les variables d’ajustement de décisions budgétaires qui ne nous regardent pas et qui se répercuteraient sur le pouvoir d’achat des Français », s’est-il agacé.
Selon Eric Chenut, « la question centrale n’est pas tant de savoir quelle part prend l’Assurance-maladie et quelle part prennent les mutuelles, c’est plutôt la soutenabilité de la dépense globale », a-t-il affirmé. Il a appelé à cet effet à davantage d’efficience, notamment dans les prescriptions des médecins, et à plus de visibilité sur toutes les mesures liées à la prévention.
Côté recettes, il a jeté une pierre dans le jardin de l’État en critiquant l’absence de compensation intégrale des exonérations de cotisations sociales des entreprises ou encore le financement incomplet au profit des hôpitaux des mesures salariales issues du Ségur de la santé.
Sus à la fraude
La Mutualité a ensuite affiché sa volonté de poursuivre la lutte contre la fraude à l’Assurance-maladie, alors que les médecins ou les taxis sont régulièrement dans le viseur. Éric Chenut a affirmé à cet égard « la volonté commune », partagée avec la Cnam, « de changer de braquet ». Concrètement, cela se traduit par l’objectif de récupérer davantage de montants liés au préjudice financier détecté et stoppé, d’avancer plus vite dans ce domaine et de faire évoluer le cadre réglementaire et législatif. Il cite les structures déjà « financiarisées », comme en biologie ou dans le secteur bucco-dentaire, où il a des « suspicions de fraudes » en raison notamment des écarts de cotations.
Séverine Salgado, directrice générale de la FNMF, a réitéré son appel à une conférence des acteurs, usagers et financeurs de la santé, pour améliorer le système de soins. Pour l’heure, le prochain grand rendez-vous sera le congrès de la FNMF, qui aura lieu à Agen (Lot-et-Garonne) les 19 et 20 juin, avec comme ambition « d’inspirer les décisions de demain », en anticipant l’échéance nationale de 2027. Le sentiment d’Éric Chenut est que « la santé sera au cœur de l’élection présidentielle ». Vœu ou vœu pieux ?
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