Cette fois-ci, c’est fait ! Frédéric Valletoux a été nommé ce jeudi 8 février ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, sous la tutelle de Catherine Vautrin. Régulièrement pressenti à ce poste ces dernières années, le député Horizons (Seine-et-Marne) de 57 ans fait enfin son apparition au gouvernement de Gabriel Attal, qui a mis un mois pour être constitué. Autre nomination à Ségur : Fadila Khattabi, qui conserve son poste de ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, auquel elle se voit ajouter les Personnes âgées.
Une déclaration de guerre, selon la CSMF
La nomination de Frédéric Valletoux ne sera certainement pas considérée comme un bon signal par les syndicats de médecins libéraux. En pleines négociations conventionnelles avec l’Assurance-maladie, certains voient déjà cette décision politique comme un « chiffon rouge ». Ce jeudi soir, à chaud, la CSMF a carrément utilisé l’expression de « déclaration de guerre », le SML évoquant de son côté « le cauchemar des libéraux et la gifle aux médecins ». Difficile d’avoir un accueil plus glacial.
Interrogé sur l’impact de cette nomination quelques minutes avant son officialisation par le gouvernement, le directeur général de la Cnam Thomas Fatôme a gentiment botté en touche. « Nous aurons l’occasion d’échanger dans les prochains jours avec Frédéric Valletoux, avec qui nous avons travaillé à plusieurs reprises en sa qualité de député de Seine et Marne. Nous n’avons pas d’autres commentaires à faire ».
Adoptée l’année dernière, sa proposition de loi visant à améliorer l'accès aux soins « par l'engagement territorial », avait fortement crispé la médecine de ville, même si ses dispositions les plus polémiques (remise en cause de la liberté d'installation et adhésion automatique aux CPTS) ont été expurgées de sa version finale. « Les médecins comprendront un jour que je ne suis pas l’ennemi », avait-t-il alors confié au Quotidien en octobre. Les libéraux devront juger sur pièces.
Un journaliste devenu patron de la FHF
Après une carrière de journaliste – aux Échos et à la Gazette des communes – Frédéric Valletoux a fait ses premières armes dans le milieu de la santé à la Fédération hospitalière de France, qu’il utilise comme un tremplin politique, à l’instar de ses illustres prédécesseurs (Gérard Larcher, Claude Evin ou Jean Leonetti).
En 2011, dans l’une de ses premières interviews au Quotidien, alors qu’il vient d’empocher sa présidence, siège qu’il ne quittera plus pendant 11 ans, Frédéric Valletoux, 45 ans et inconnu au niveau national, dresse son autoportrait : « Je suis quelqu’un de très ouvert, qui privilégie le dialogue. J’arrive à cette présidence sans œillère, sans barrière, et parfois sans toujours connaître les interlocuteurs avec lesquels je vais devoir discuter. Peut-être que cela me donne une force, celle de l’écoute et de la main tendue. »
« La convergence des devoirs »
Déjà, ses idées pour résoudre la désertification médicale bousculent le monde libéral. L’une d’entre elles dérange particulièrement : envoyer en ville les médecins hospitaliers remplacer leurs confrères libéraux. Proche de Jean-François Copé et Valérie Pécresse, deux personnalités des Républicains (LR), Frédéric Valletoux a également soutenu en 2015 Martin Hirsch dans sa très contestée réforme des 35 heures à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Année après année, l’ancien journaliste avait pris du galon médiatique, accumulant les sorties ciselées et les prises de position tranchées sur la liberté d’installation et la permanence des soins ; ce qu’il appelle « la convergence des devoirs » et avait le don de crisper les libéraux.
À la ville, Frédéric Valletoux, pourtant réformé pour inaptitude à la marche, trace son chemin jusqu'à Fontainebleau, dont il devient maire en 2006. Devenu député Horizons, ce féru d’histoire franchit donc une nouvelle étape de sa carrière en s’installant à Ségur, poste qu’il convoitait ardemment, sans s’en cacher. C’est donc une victoire pour lui, mais aussi pour son fidèle ami et allié : Édouard Philippe.
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