Pour son grand oral à l’Assemblée nationale, Marisol Touraine a adopté un ton résolument politique. Présentant son « projet de loi de modernisation du système de santé », la ministre l’a assuré aux députés, « les changements du système de santé sont dus à des choix politiques assumés».Autrement dit, son projet de loi ne déroge pas à la règle et propose, selon elle, des bouleversements à la hauteur des précédentes lois de santé portées par des ministres de gauche. Elle inscrit donc sa réforme dans la droite ligne des grandes loi santé portée par la la gauche au pouvoir :« la loi Evin » en matière de tabac et d’alcool, « la loi Aubry » avec la création de la couverture médicale universelle (CMU) et « la loi Kouchner » s’agissant de la démocratie sanitaire. « À chaque fois que la gauche gouverne, elle a pris ses responsabilités », a souligné Marisol Touraine, « avec la droite, le renoncement a prévalu ».
En guise de fil conducteur, cette coloration politique assumée a infusé le propos de la ministre, égratignant tantôt ses prédécesseurs de l’avenue de Ségur, donnant parfois des gages aux membres de la majorité. Premier pilier du projet de loi, la prévention fait l’objet de nombreuses mesures rappelées par Marisol Touraine. Enrichi lors du passage en Commission des affaires sociales, ce volet devrait connaître de nouveaux ajouts à propos notamment des questions de santé liées à l’environnement. Une façon de répondre aux critiques des écologistes qui regrettaient, il y a quelques jours, un texte « bancal » dénué de dimension de « santé environnementale ». Abordant le second pilier de la loi, Marisol Touraine a souligné qu’il s’agissait du renforcement de la proximité des soins autour du médecin traitant et des équipes de soins primaires ». Une volonté de rassurer, une fois encore, les professionnels sur la place de la médecine générale en cette nouvelle journée d’action du corps médical.
Emblématique de l’opposition des praticiens au projet de loi, l’extension du tiers payant obéira à des « conditions de mise en œuvre progressive », a rappelé Marisol Touraine. La ministre a réitéré le principe d’ « une solution unique » consistant en « un geste unique pour les médecins ». Au-delà des préoccupations techniques, apparaissent à ses yeux des arguments « idéologiques (…) bien loin de la situation des patients ». « C’est un discours méprisant que de dire que les patients deviendront des consommateurs », a-t-elle répondu à ses détracteurs de l’opposition. Alors que le marathon parlementaire ne fait que commencer, Marisol Touraine a « la volonté tenace de faire vivre ce bien précieux qu’est la république sociale ». Place désormais aux débats dans l’hémicycle pour une quinzaine de séances qui promettent d’être agitées.
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