PLFSS 2023

La fin du « quoi qu'il en coûte »

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Publié le 29/09/2022
Avec une trajectoire en vue d'un retour à l'équilibre pour les comptes de la Sécurité sociale, le PLFSS 2023 mixe des recettes traditionnelles pour générer des économies. Mais épargne l'hôpital. L'industrie pharma s'insurge. Décryptage.
De gauche à droite : Gabriel Attal, Jean-Christophe Combe et François Braun, respectivement ministre de l'Action et des Comptes publics, ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées et ministre de la Santé et de la Prévention.

De gauche à droite : Gabriel Attal, Jean-Christophe Combe et François Braun, respectivement ministre de l'Action et des Comptes publics, ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées et ministre de la Santé et de la Prévention.
Crédit photo : S. Toubon

L'hôpital sanctuarisé, l'industrie pharma ponctionnée, le PLFSS 2023 témoigne d'un choix politique opéré au sommet de l'État. Élisabeth Borne avait vendu la mèche le 27 septembre sur BFMTV et RMC avant une présentation lisse destinée à la presse par les directeurs de cabinet. « On peut tous constater qu'ils [les laboratoires pharmaceutiques NDLR] ont réalisé un chiffre d'affaires important du fait de la crise sanitaire, et donc aujourd'hui, je pense que c'est important qu'ils participent à l'effort. » La facture s'élèvera à 1,1 milliard d'euros. En additionnant toutes les mesures, le Leem la chiffre même à trois milliards d'euros. En tout état de cause, l'industrie pharma a été cueillie à froid. « Ce projet tourne brutalement la page d'un quinquennat de réformes destinées à améliorer non seulement l'attractivité du pays mais surtout à assurer que nos concitoyens aient accès aux innovations  et à un approvisionnement stable en médicaments », lâche Thierry Hulot, le président du Leem.

Logique purement comptable

La page du « quoi qu'il en coûte » serait bien tournée avec le retour à « une logique purement comptable », selon le Leem. Dans le répertoire classique des secteurs mis à contribution, la biologie est appelée à régler une note de 250 millions d'euros. Les négociations relèvent de la pure formalité. En cas d'absence d'accord, le PLFSS autorise le ministre de la Santé et de la Prévention à procéder à cette baisse de tarifs. Faut-il pour autant évoquer l'époque Marisol Touraine où l'hôpital et l'industrie pharma étaient soumis à de strictes économies. Crise sanitaire et « grande démission » oblige, les établissements hospitaliers sont épargnés de ces ponctions qualifiées de pertinence et d'efficience par le gouvernement. Alors que l'Ondam progressera de 3,7 % en 2023, hors dépenses liées à la crise sanitaire, le sous-objectif établissements de santé augmentera de +4,1 %, « soit un rythme deux fois plus rapide qu'au cours de la décennie 2010 », peut-on lire dans le dossier de presse. En comparaison, les dépenses de ville décrochent avec une hausse de 2,9 % des dépenses alors que 2023 est une année de négociations pour une nouvelle convention avec les syndicats de médecins libéraux et la Cnam. Que restera-t-il au final de ce projet de loi à l'issue du marathon parlementaire en l'absence de majorité ? Le jeu est pour le moins ouvert.  

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr