Une médecin allergologue à la tête de Ségur ? Le Premier ministre Michel Barnier a en tout cas choisi de proposer l’expérimentée Geneviève Darrieussecq, 68 ans, pour le poste de ministre de la Santé. Selon la configuration gouvernementale et les périmètres ministériels qui seront décidés, elle pourrait succéder à Catherine Vautrin et/ou Frédéric Valletoux, un tandem qui aura eu du mal à imprimer sa marque et qui a aussi été entravé dans son action par le blocage politique. Vendredi encore, toutefois, le MoDem laissait planer le doute sur sa participation au gouvernement, jugeant l’équipe proposée par Michel Barnier trop droitière…
Plusieurs casquettes
Solidement implantée localement, Geneviève Darrieussecq présente un profil qui tranche quelque peu avec ses prédécesseurs. Après avoir étudié la médecine générale à l’université de Bordeaux, elle a exercé en libéral et, en même temps, à l’hôpital de Mont-de-Marsan de 1983 jusqu’en 2008. De 1992 à 2000, elle fut présidente de l’association de formation continue des allergologues d’Aquitaine (Apala) puis, de 1998 à 2001, à la tête de l’association nationale des allergologues compétents exclusifs (Anaice). Membre du conseil de l’Ordre des médecins des Landes et présidente de la Fédération hospitalière de France (FHF) de la région, elle peut revendiquer des casquettes et des compétences à la fois libérales, hospitalières et ordinales.
C’est finalement sur le tard que Geneviève Darrieussecq entre en politique, en 2004, à 48 ans, comme conseillère régionale d’Aquitaine, avant de ravir, quatre ans plus tard, la mairie de Mont-de-Marsan au socialiste Philippe Labeyrie, réussissant à être confortablement réélue en 2014.
Sa carrière se poursuit dans l’Hémicycle avec son élection comme députée de son territoire en 2017, sous l’étiquette du parti de François Bayrou – dont elle a été la référente santé lors de la présidentielle 2012. Elle sera de nouveau victorieuse en 2022, puis en 2024 grâce au report des voix de gauche.
Déjà ministre à Ségur sous Borne
Mais finalement, Geneviève Darrieussecq n’aura pas beaucoup exercé ces mandats parlementaires, puisqu’elle a été choisie trois fois pour des fonctions ministérielles sous la présidence d’Emmanuel Macron.
D’abord comme secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées (2017-2020), chargée notamment du service de santé des armées. Puis toujours comme secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées (chargée cette fois de la mémoire et des anciens combattants, 2020-2022), travaillant à l'adoption d'une loi de reconnaissance et de réparation envers les Harkis. Enfin, comme ministre chargée des Personnes handicapées (2022-2023), mandat durant lequel elle aura poussé des dossiers tels que la déconjugalisation de l’allocation adultes handicapés ou la préparation des Jeux paralympiques. Geneviève Darrieussecq avait quitté le gouvernement, émue, « après six ans et aucun regret ». Pour mieux le retrouver aujourd’hui ?
Avec Buzyn à l’hôpital des armées pendant le Covid
Pour comprendre la personnalité de Geneviève Darrieussecq, il faut se rappeler cet épisode de 2020, narré par Le Figaro. Pendant la crise Covid, la médecin, à l’époque secrétaire d’État, décide d’exercer trois matinées par semaine – et en toute discrétion –, à l’hôpital d’instruction des armées de Percy (Clamart), au côté de l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn. « Je ne peux pas rester sans rien faire », avait-elle déclaré. Florence Parly, pourtant sa ministre de tutelle, ne l’avait pas reconnue, camouflée derrière son équipement de soignante ; seule sa voix aura trahi son identité…
Plus tôt en 2012, elle déclarait qu’en matière de santé, « il est évident que l’approche organisationnelle doit être régionale ». Comme d’autres élus centristes, elle défendait même la mise en place d’objectifs régionaux de dépenses maladie (Ordam), argumentant que les besoins diffèrent fortement d’une région à une autre. Défendrait-elle cette vision à la tête de Ségur ?
Médecin de l’équipe de rugby du Stade Montois
Très attachée à son territoire, Geneviève Darrieussecq se revendique fervente supportrice du club de rugby de la ville, le Stade Montois, dernier de pro D2 après 3 journées et, dont elle fut la médecin pendant 10 ans.
Sur les sujets de société, l’allergologue avait pris part à une manifestation, en octobre 2016, défendant le patrimoine culturel et « l'art de vivre » (gastronomie, élevage, gavage, tauromachie, chasse traditionnelle) « face aux attaques des lobbies ». Ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’elle a également été présidente de l’Union des villes taurines françaises de 2010 à 2014.
Élevée dans une famille d’agriculteurs, Geneviève Darrieussecq est mariée à un kiné, avec qui elle a eu deux filles et deux garçons. Quant à son ambition personnelle, elle n’exclut pas de retourner à la mairie de Mont-de-Marsan en 2026, déclarant à la chaîne LCP fin novembre 2023, que « c’est possible, pourquoi pas ? »
Cédric Arcos, un spécialiste de l’hôpital à Matignon
Cédric Arcos devient chef de pôle et conseiller santé, autonomie et protection sociale auprès du Premier ministre, Michel Barnier. Sa nomination a été officialisée ce vendredi 20 septembre au « Journal Officiel ». Grand connaisseur du monde hospitalier, Cédric Arcos a été directeur de cabinet puis délégué général adjoint de la Fédération hospitalière de France (FHF) sous la présidence de Frédéric Valletoux, qu’il a ensuite rejoint au ministère de la Santé en février 2024 en tant que directeur de cabinet. Ce n’est pas la première fois que le quadragénaire entre à Matignon, où il a été conseiller technique santé puis conseiller de l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne de 2022 à 2024. Auparavant, il a œuvré pendant cinq ans comme directeur général adjoint du conseil régional d’Île-de-France auprès de Valérie Pécresse.
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