Trois associations d'étudiants et d'internes disent ne pas se reconnaître dans l’organisation du système de santé dessinée par un rapport rendu vendredi à Poitiers aux ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur par les présidents des six conférences hospitalo-universitaires.
Les représentants des CHU (directeurs, présidents de CME, doyens de médecine, pharmacie et odontologie et présidents d'université) ont présenté vendredi à Poitiers une vingtaine de propositions, à l'occasion de leurs 16e assises nationales et de la célébration du 60e anniversaire des CHU.
Les auteurs du rapport proposent « d'établir un lien renforcé entre CHU et universités en conférant un nouveau statut juridique spécifique aux CHU ». Ils suggèrent de créer une « conférence nationale des CHU », de consolider une politique commune en matière de gestion des ressources humaines, ou de créer un nouveau modèle de financement de la recherche et de l'innovation et d'une quatrième mission, « de prévention et de promotion de la santé ». La « rénovation de l'exercice et des carrières en CHU » fait également partie des thèmes abordés.
Refus d'une mainmise sur la formation, le soin ou la recherche
Ce rapport n'a pas remporté l'adhésion de la jeune génération. « Non, le CHU n’est pas le centre de gravité du système de santé comme veut le faire croire ce rapport, le CHU n’a pas la mainmise sur la formation, le soin ou la recherche », clament dans un communiqué commun l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) et l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI).
Déplorant la « vision hospitalo-centrée, bien loin de la réalité du terrain » des auteurs, les futurs médecins demandent que la formation puisse se dérouler dans des cabinets de ville. Ils souhaitent aussi que l'organisation des soins sur les territoires, telle qu'elle se dessine avec le plan santé présenté en septembre par Emmanuel Macron, ne soit pas uniquement pilotée par les CHU dans une logique hiérarchisée. « Nous ne pouvons pas entendre que la médecine de proximité n’est pas à même de prendre en charge les patients polypathologiques, affirment-ils. [...] L’avenir est celui d’un système décentralisé et collaboratif incluant l’ensemble des acteurs des territoires ! »
Chez les praticiens seniors, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) déplore également la « vision rétrograde » de ce rapport. « L’organisation de la santé dans les territoires doit d’abord reposer sur la proximité, sur la médecine de ville, médecine générale et médecine spécialisée de proximité, en articulation avec les établissements de soins, privés ou publics », affirme le syndicat, selon qui « la médecine de ville doit être l’acteur principal du dépistage précoce et du repérage en matière de prévention », les grands centres hospitaliers étant recentrés « sur la référence et la performance ».
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