Auteur d'un rapport sur les soins non programmés remis mardi à Agnès Buzyn, le député de Charente Thomas Mesnier, médecin urgentiste de formation, revient sur certaines de ses propositions qui ont fait débat et tente de rassurer les généralistes. Entretien.
Le Généraliste. Dans votre rapport, beaucoup de propositions concernent les généralistes. Certains estiment qu’on leur en demande trop pour désengorger les urgences, comment les rassurer ?
Dr Thomas Mesnier : Les soins non programmés sont l’essence même de la médecine générale et cela ne doit pas changer. Les généralistes en assurent déjà la majeure partie, on ne les en remercie pas assez. Je propose que les médecins puissent se coordonner à l’échelle d’un bassin de vie, le schéma cible étant la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), afin qu’on puisse les aider à mieux s’organiser. Cela permettrait de financer des coordonnateurs de santé, comme il en existe dans les maisons de santé. Ceux-ci pourraient les décharger d’un certain nombre de tâches administratives, les aider à se coordonner. Le but n’est pas que les médecins travaillent plus. Une fois qu’ils seront allégés de certaines tâches, en travaillant autant, ils pourront s’occuper de davantage de patients. On considère une CPTS par bassin de vie, l’INSEE en compte 2 000. Si on finance un demi-équivalent temps plein (ETP) de coordonnateur par territoire, cela coûte 72 millions d’euros par an à l’état. C’est un choix politique que l’on peut faire pour aider les généralistes.
Vous proposez aux médecins de libérer des demi-journées sans rendez-vous dans les territoires. Pouvez-vous nous préciser la teneur exacte de cette mesure ?
Dr Th. M. : La demi-journée est un exemple. Une fois que plusieurs médecins se sont organisés sur un bassin de vie, il me semble logique que dans le planning l'un d'eux puisse recevoir des patients sans rendez-vous, en réservant plus de créneaux que les autres. Il existe par ailleurs une dizaine de situations que le médecin peut déléguer à un autre professionnel de santé. En fonction des besoins et des médecins, on fixera quatre ou cinq protocoles sur un territoire alors que les dix seront en place sur le bassin voisin. Libre aux médecins de s’organiser en bonne intelligence.
Des médecins redoutent un retour de la permanence des soins obligatoire (PDS) ?
Dr Th. M. : Il ne faut pas tout mélanger. Jamais je ne parle d’obligation dans mon rapport. La feuille de route que je devais remplir ne traitait pas de la PDS. Mon intime conviction est que si on s’occupe des soins non programmés de 8 heures à 20 heures, il n'y aura plus de problème de permanence des soins. Actuellement, les cas ne sont pas gérés dans la journée et l'activité se désaxe sur le début de soirée. Je pense cependant que faire de la garde de minuit à 8 heures n’a plus de sens. Il est plus logique d’organiser une réponse en journée jusqu’à 22 heures. Si un problème qui n’est pas une urgence vitale apparaît à 23 heures, le régulateur propose au patient une solution dès 8 heures le lendemain. Si l’urgence est avérée, il l’oriente à l’hôpital.
Pourquoi préconisez-vous un numéro unique pour tous les appels santé alors que les médecins libéraux demandent un numéro dédié à la PDS et aux soins non programmés ?
Dr Th. M. : Le médecin traitant doit rester la grande tour de contrôle du parcours de soins, il n’est pas question de changer cela. Cependant, quand il ne peut pas répondre à la demande, il faut que les gens puissent appeler un numéro simple. Le 15 est le plus connu. Si vous demandez à un Français le numéro à faire pour une urgence, il va d’abord évoquer le 18 et pour la santé, je suis désolé pour les généralistes, il compose le 15. Aujourd’hui, il y a une cacophonie des numéros. À mon avis, il est dans l’intérêt des médecins de se battre pour un seul numéro santé alors qu’on parle aussi de regrouper tous les numéros police, pompiers et santé. Engager un autre combat, pour moi, est perdu d’avance.
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