Le Pr Agnès Buzyn a érigé en priorité la pertinence des soins, ce mardi matin, lors de son discours d'ouverture du colloque de la Haute autorité de Santé (HAS) consacré à ce thème. « Voilà plus de 20 ans que nos concitoyens s’interrogent sur l’opportunité de certaines pratiques médicales ou parcours de soins et pourtant les politiques publiques ne s’en sont saisies que très récemment », a attaqué la ministre de la Santé face à ses anciens collègues et au Pr Dominique Le Guludec, qui devrait lui succéder à la tête de la HAS.
Selon Agnès Buzyn, la pertinence des soins réunit à la fois des enjeux de sécurité, de satisfaction du patient et de qualité des soins. « L’enjeu d’efficience est tout aussi important puisque nous devons le relever dans un cadre financier contraint. Éviter les actes inutiles c’est aussi éviter les dépenses inutiles », a ajouté la ministre de la Santé. Le sujet est primordial. Dans son rapport publié vendredi, l'OCDE estime entre 25 à 30 % des dépenses d’actes ou de prescriptions sont inutiles.
Pour illustrer concrètement son propos, la ministre a pris pour exemple la chirurgie de l’obésité ou la césarienne programmée. « Ces opérations coûteuses ou dangereuses sont parfois pratiquées de façon routinière alors qu’il existe des alternatives moins consommatrices de ressources et surtout moins lourdes pour le patient », a-t-elle observé. Agnès Buzyn a aussi noté que le mode de rémunération à l’acte ou à l’activité pouvait engendrer « une inflation des actes ». La ministre a également appelé à un changement de mentalités : « Trop d’usagers se sentent rassurés quand on allonge une ordonnance ou quand ils ont accès à de l’imagerie ou de la biologie », a-t-elle affirmé.
Vers des indicateurs de qualité du parcours
Pour répondre à ces différents enjeux, la ministre de la Santé a évoqué plusieurs pistes. À l’image de l’indicateur I-SATIS qui rend compte de la satisfaction des patients hospitalisés, Agnès Buzyn évoque la possibilité de développer un indicateur de qualité de parcours aussi dans le champ ambulatoire. Le changement des pratiques devant être, selon la ministre, de la responsabilité des professionnels eux-mêmes et des établissements, elle annonce pour ces derniers un intéressement dès lors qu’ils répondront aux objectifs de pertinence des soins. « La certification des établissements de santé doit intégrer très prochainement l’objectif de pertinence des soins et des parcours » a-t-elle ajouté.
Les orientations nationales du DPC et la stratégie nationale de santé mettront également en avant la pertinence des soins. La ministre de la Santé entend s’appuyer sur le rapport Véran sur la T2A pour effectuer un virage vers « moins de quantité et plus de qualité » dans les établissements de santé : « Je m’engage à ce que soient pris en compte la recherche de la pertinence de leurs actes par les professionnels eux-mêmes au sein des établissements, et les résultats cliniques pour le patient y compris de leurs points de vue. »
Enfin, le sujet trouvera aussi sa place dans le prochain PLFSS, à travers notamment le fonds d’innovation qui financera des expérimentations de parcours. « Je veillerai à ce que la pertinence soit prise en compte et que des indicateurs de qualité du parcours soient élaborés », a conclu Agnès Buzyn.
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