Présidence de LR : les deux ordonnances en santé de Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez

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Publié le 16/05/2025
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Ce samedi 17 et dimanche 18 mai a lieu le premier tour de l’élection à la présidence du parti des Républicains (LR). Les adhérents doivent départager le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et le chef de file du groupe à l’Assemblée Laurent Wauquiez. Tour d’horizon des prises de parole des deux candidats sur la santé.

Tout sourire : Bruno Retailleau à gauche, Laurent Wauquiez à droite.

Tout sourire : Bruno Retailleau à gauche, Laurent Wauquiez à droite.
Crédit photo : ISA HARSIN/SIPA

Deux candidats pour un seul siège, avec en ligne de mire l’élection présidentielle dans deux ans. Le chef de file des députés du parti Laurent Wauquiez et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau se disputent la présidence des Républicains (LR) ce samedi 17 et dimanche 18 mai. Le vote a lieu par scrutin virtuel pour les 120 000 adhérents du parti. Les résultats seront proclamés dans la soirée de dimanche. Si aucun des deux candidats n’obtient la majorité absolue, un deuxième tour sera organisé le week-end suivant.

Partisans d’une droite conservatrice, les deux hommes de générations, implantations électorales et parcours politiques différents sont toutefois globalement alignés sur leurs idées, y compris sur la santé.

Préoccupation majeure des Français, la santé a été abordée par le ministre vendéen et le député de Haute-Loire au gré de l’actualité, de leur agenda politique. Leur expérience a aussi compté, le premier en présidant la majorité sénatoriale pendant près de 10 ans, votant lois de financement de la Sécurité sociale (LFSS) comme lois santé, le second ayant un bilan en la matière en tant que président de la région Auvergne Rhône-Alpes pendant plus de 8 ans.

Retailleau, père de la 4A ?

Avant son retour au Palais Bourbon en 2024, Laurent Wauquiez, 50 ans, a en effet présidé cette région et a fait voter, en 2022, un budget de 100 millions d’euros pour la santé. L’objectif était clair : attirer des médecins, y compris en les embauchant sous le statut de praticiens salariés de la région. L'engagement en faveur d’une « santé de proximité » s’est traduit par un soutien à 255 projets de maisons, centres ou pôles de santé. Pendant ces années se trouvait, à ses côtés, à la région, puis, pendant quelques mois à l’Assemblée, le Dr Yannick Neuder, désormais ministre de la Santé et de l’Accès aux soins.

Plusieurs fois ministre, le Normalien, énarque et agrégé d’histoire avait répondu aux questions du Quotidien lorsqu’il était secrétaire d’État à l’Emploi en 2010, pour détailler une mesure d’aide au recrutement pour les médecins libéraux ; et en 2012, alors ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, pour présenter un plan pour la médecine générale, lequel augmentait le nombre de maîtres de stages universitaires (MSU).

Longtemps dans les pas de l’influent vendéen Philippe de Villiers, l’actuel locataire de la place Beauvau, Bruno Retailleau, ­64 ans, a longtemps incarné les couleurs de la droite au Sénat, portant un certain nombre de textes en santé, dont celui relatif à la création d’une quatrième année de médecine générale, adopté en 2022. Déjà, sa proposition de loi préconisait de réaliser cette année professionnalisante en priorité dans des zones sous-dotées en cabinet ou en maison de santé. Côté incitatif, le texte s'attachait à prévoir une rémunération « à l'acte, comme en médecine libérale », pour répondre aux demandes des syndicats de jeunes.

Tous deux veulent réformer l’AME

De longue date en croisade contre l’aide médicale d’État (AME), Bruno Retailleau s’est fendu de nombreuses déclarations médiatiques pour exprimer sa volonté quasi-obsessionnelle de réduire le budget de ce dispositif qu’il jugeait en janvier 2023 être un « un encouragement à la clandestinité ». Depuis qu’il est au gouvernement, le ministre martèle qu’il entend transformer l’AME en aide médicale d’urgence (AMU), contre l’avis de tous les ministres de la Santé, en poste avec lui dans l’équipe gouvernementale (Geneviève Darrieussecq, Yannick Neuder), comme passé.

Pas en reste, Laurent Wauquiez est sur la même ligne, évoquant dès 2014 dans l’hémicycle un dispositif d’« assistanat » et un « système déraisonnable ». Plus récemment, le chef de file des députés LR avait bataillé à l’Assemblée pour que les crédits réservés à l’AME soient baissés, appelant également à « refondre le dispositif ».

Wauquiez hyperactif pendant la pandémie

Lors de la crise Covid, le Vendéen s’était illustré en 2021 en réclamant « l'obligation » pour les professionnels de santé « en EHPAD et à l'hôpital » de se faire vacciner, quitte à les empêcher de travailler s’ils refusent. Bruno Retailleau avait également défendu l’usage de l’hydroxychloroquine, promue par le Pr Didier Raoult, questionnant au passage l’étude du Lancet pointant ses risques et son inefficacité pour traiter les malades du coronavirus, ce qui avait provoqué du remous dans la Haute chambre.

De son côté, pendant la pandémie, Laurent Wauquiez s’était particulièrement investi dans la gestion de crise, en distribuant notamment plus de deux millions de masques lavables pour les élèves dont la région avait la charge en 2020. L’occasion, pour le politicien, d’évoquer les enjeux de souveraineté économique et de réindustrialisation et de mener une campagne massive de dépistage par test, puis de vaccination, quitte, comme d’autres présidents de région, à se substituer à l’État.

(Très) conservateurs sur les questions sociétales

Farouchement opposé à la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, Laurent Wauquiez avait créé la polémique en 2018 au sujet de la PMA, évoquant un « engrenage [qui] mènera nécessairement à la marchandisation des gamètes », avant d’ajouter : « Tout ceci a un nom, c’est l’eugénisme. Tout ceci a été fait par un régime, c’est le nazisme. » En poste à Ségur, Agnès Buzyn avait manifesté toute son « indignation » face à ces propos.

Même point de vue du côté de Bruno Retailleau, qui avait jugé que le mariage entre personnes de même sexe était « le cheval de Troie de la PMA et de la GPA ». En décembre 2021, le sénateur était l’un des 28 sénateurs à voter contre le projet de loi visant à interdire les thérapies de conversion destinées aux personnes LGBT+.

Toujours sur les questions de société, le Vendéen s’est opposé en 2016 à la proposition de loi contre le délit d’entrave numérique à l’IVG, prévoyant l’interdiction de désinformation à ce sujet. Ce dernier, opposé à l’inscription de l’IVG en tant que liberté dans la Constitution française, avait tenté en 2024 de faire adopter des amendements de clause de conscience pour les médecins. En vain.

Plus récemment, Bruno Retailleau s’est dit vent debout contre le projet de loi sur la fin de vie qui va selon lui « dans le très mauvais sens », parlant même d’un « texte d’abandon ». À ce sujet encore, il est rejoint par Laurent Wauquiez, qui a affirmé qu’il votera contre, considérant que la loi Leonetti est « équilibrée ».


Source : lequotidiendumedecin.fr