Les politiques seraient bien inspirés de s’intéresser aux questions de santé et d’assurance maladie. Car, à en croire un sondage réalisé par Odoxa et publié lundi 7 mars, les trois quarts des Français considèrent que ces sujets sont rarement évoqués lors des débats politiques et électoraux. Un déficit d’intérêt d’autant plus regrettable que, toujours selon ce « baromètre santé 360 » réalisé pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) et Orange, les Français estiment à 68 % que le système de santé hexagonal est le meilleur à l’échelle européenne.
L'élection présidentielle, principale échéance pour parler de la santé
Pour Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé publique à Sciences po, difficile de déterminer les raisons du silence des politiques : est-ce parce que le système marche bien ou par désintérêt pour le sujet ? « Il n’y a pas de tradition politique de la santé dans le débat public, il n’y a pas de Jules Ferry de la santé », rappelle-t-il, soulignant que la particularité du système français tient au fait qu’il est le seul à ne pas avoir été construit par l’État. Mais entre des sujets ponctuels liés à la politique locale, comme la désertification médicale, ou des questions de santé publique, relatives aux épidémies par exemple, « les ingrédients de l’irruption de la santé dans le débat public sont là », juge-t-il.
De l’avis de Gaël Sliman, président d’Odoxa, « une des raisons possibles de ce sentiment d’oubli tient à ce que la présidentielle qui est l’élection majeure et la matrice de toutes les autres semble particulièrement peu prendre en compte cette question ». Par ailleurs, alors que « la gauche était jugée plus présente sur les questions de santé », il souligne que tel n’est plus le cas aujourd’hui. Selon les résultats de cette étude, un peu plus de la moitié des Français pensent que la gauche prend le mieux en compte la question de santé quand ils sont 42 % à créditer la droite dans ce domaine.
23% ont eu du mal à avoir un rendez-vous chez le généraliste
Droite et gauche sont pourtant attendues sur un certain nombre de préoccupations et attentes des citoyens. La protection maladie et les difficultés d’accès aux soins apparaissent ainsi comme des priorités pour plus de 4 Français sur 10 comme en matière de santé. Le niveau de remboursement des soins, et plus encore celui pris en charge par l’Assurance maladie, fait figure de préoccupation prioritaire pour 75 % des Français. Ce qui n’empêche pas Didier Tabuteau de noter « une vraie attention portée au coût des assurances complémentaires » ainsi qu’une « préoccupation majeure quant à l’accès aux spécialistes ».
[[asset:image:9326 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":["GARO\/PHANIE"],"field_asset_image_description":[]}]]À cet égard, la priorité pour plus de 7 Français sur 10 est de remédier à « la difficulté de consulter un médecin généraliste ou spécialiste ». En effet, 23 % d’entre eux déclarent avoir eu des difficultés pour obtenir un rendez-vous chez le premier et 63 % chez le second.
Une Sécu d'Etat et qui serait aussi une assurance complémentaire...
Un autre volet de l’étude s’intéresse à la perception qu’ont les Français de la Sécurité sociales et leurs attentes pour l’avenir. Pour la moitié d’entre eux, celle-ci devrait être gérée par le ministère de la santé. Et ils ne sont que 4 % à estimer qu’elle devrait l’être par les syndicats et le patronat, comme c’est (plus ou moins) le cas actuellement. Ils sont enfin quatre fois plus nombreux, soit près de deux Français sur dix, à considérer que les associations de patients devraient gérer la Sécurité sociale.
Mettant en lumière le décalage entre la réalité et la perception qu’en ont les Français, « ce résultat conduit à dire qu’il faut poser la question dans le débat public », affirme Didier Tabuteau. Autre perception intéressante à regarder : celle concernant le remboursement des soins. En effet, les Français estiment à 55 % le niveau moyen de remboursement des dépenses de santé par la sécurité sociale. Or, d’après les comptes de la santé pour 2014, la Sécurit sociale rembourse 76,6 % des soins. Cela dit, cette perception « du niveau de remboursement correspond à la réalité des remboursements de soins courants », précise Didier Tabuteau. Et de détailler : si le taux de remboursement hospitalier est supérieur à 90 %, celui des soins courants s’établit à 55 %. Une situation qui n’est pas sans poser de difficultés pour les patients atteints de maladie chronique, car ce sont « ceux qui ont le plus de soins courants et sont les plus concernés par ce faible taux de remboursement », conclut-il.
Quant à l’hypothèse d’une protection complémentaire gérée par la Sécurité sociale elle-même, plus de 6 Français sur 10 y seraient favorables. Ce qui fait dire à Didier Tabuteau que la question du modèle franco-français basé sur « deux étages de financement » mérite elle aussi d’être débattue.
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