Décidément, la proposition de loi (PPL) Garot sur l’accès aux soins, de retour à l’Assemblée nationale le 6 mai, continue de faire réagir. Le 14 avril, un collectif de médecins*, dont le Dr François Bourdillon, ancien directeur général de Santé publique France et le médiatique Pr André Grimaldi, a signé une tribune dans Le Monde intitulée : « Il serait judicieux de limiter la régulation territoriale aux médecins pratiquant des dépassements d’honoraires ».
Critiquant les « prédictions alarmistes » qui « ne s’appuient sur aucune donnée sérieuse » des syndicats de médecins, un bloc « puissant et déterminé à faire prévaloir l’intérêt de la corporation médicale sur l’intérêt général », les signataires défendent qu’un « certain degré de contrôle est devenu incontournable », argumentant que « lorsque la ressource est rare, il est indispensable qu’elle soit régulée ».
De plus, insistent les auteurs de la tribune, la restriction à l’installation telle que défendue par les députés – conditionnée au départ en retraite d’un médecin libéral ou salarié de la même spécialité – est limitée à 13 % du territoire où l’offre de soins est jugée suffisante. Elle ne remet donc pas la liberté d’installation en question pour 87 % de l’Hexagone.
Éviter le renoncement aux soins
Mais au-delà des inégalités géographiques, les signataires pointent du doigt les dépassements d’honoraires, autorisés pour les médecins en secteur 2, qui poussent un nombre de patients qui « ne cesse de croître » à renoncer aux soins pour des raisons financières.
Pour éviter un blocage législatif de la PPL Garot, le collectif de médecins explique qu’il serait judicieux de limiter l’application de la régulation à l’installation « aux seuls médecins installés en secteur 2 pratiquant les dépassements d’honoraires » (plus de la moitié des spécialistes l’est) et de conserver la liberté totale pour les médecins de secteur 1. En bref, une mesure de lutte « contre les inégalités territoriales et sociales de santé en même temps que contre les inégalités de revenus entre médecins ».
Les médecins internautes réagissent
Dans le cadre d’un débat sur le site du Quotidien, les médecins réagissent à ce texte, y allant de leurs propositions pour contrecarrer la PPL Garot. Ainsi, l’internaute jean m_19 argumente que « liberté tarifaire et concurrence répartiraient les médecins rapidement et mieux que les ARS et autres structures loin du terrain ».
De son côté, Bernard L_41 propose de « limiter le prix de la consultation par exemple à 2 fois le C pour les installations en zone sans déficit et ne pas le limiter en zone déficitaire ». Ou Orion31 d’aller (un peu) dans le sens du texte : « Régulation, suppression du secteur 2, CS à 50 euros et basta ».
À l’appel des syndicats des étudiants et jeunes médecins et avec le soutien du Cnom, la profession sera en grève le 28 avril, avec une manifestation dans la capitale le 29.
*François Bourdillon, médecin de santé publique, directeur général de Santé publique France de 2016 à 2019 ; Mady Denantes, médecin généraliste ; Anne Gervais, hépatologue ; André Grimaldi, diabétologue, professeur émérite de médecine ; Dora Lévy, médecin généraliste ; Olivier Milleron, cardiologue
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