Brève

Réparer les hôpitaux

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Publié le 10/01/2019
Buzyn

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Crédit photo : S. Toubon

« Vive la restructuration hospitalière », revendique avec un brin de provocation Benoît Péricard dans une tribune parue à la fin de l'année dans Le Monde, l'un des meilleurs spécialistes français de l'hôpital dans l'Hexagone. Comment en théorie ne pas le suivre dans sa démonstration sur le risque d'un système à deux vitesses, profondément inégalitaire où les métropoles concentreraient compétences et ressources. Le maintien « à tout prix » d'hôpitaux dans des zones peu denses, loin de l'idée de renforcer le service public dans tous les territoires, se révélerait in fine injuste, la sécurité et la qualité des soins n'étant pas assurées. 

Les rapports nombreux commandés par la puissance publique ont conforté cette analyse. Pourtant, cette vision de bon sens, défendue par les élites, se heurte au choc du réel. Ce mercredi 9 janvier, plusieurs centaines de manifestants ont ainsi défilé à Decize (Nièvre) pour maintenir le service de chirurgie conventionnelle menacé par l'agence régionale de santé. Ces éruptions de colère ont souvent été qualifiées de rétrogrades. Mais dans le « nouveau monde », qui aujourd'hui est moderne ? Comment reconnaître le réactionnaire ? Dans Ma santé 2022, 500 à 600 hôpitaux de proximité, tout statut confondu, sont appelés à être labellisés. La réforme pourtant concoctée par une équipe réduite, au Palais, s'est attachée dès le 18 septembre, bien avant les gilets jaunes, à défendre cette idée de service public déclinée au-delà du périphérique dans la France dite périphérique. 

Bien sûr, Benoît Péricard défend la raison, alliée à la modernité. Pourtant comme l'écrivait Paul Valéry, « il n'est point de progrès qui ne tourne pas à sa plus complète servitude ».


Source : lequotidiendumedecin.fr