« Le pire est à venir ». Pour le Pr Patrice Queneau, en termes d’accès aux soins, l’avenir n’est pas radieux. Le 18 avril, dans son exposé à l’Académie nationale de médecine, le praticien défend le texte dont il est le rapporteur avec le Pr Rissane Ourabah sur les déserts médicaux. Fort de 30 auditions, ce rapport a été adopté à la très large majorité après un vote en séance publique.
Parmi ses recommandations : un service médical citoyen d’un an pour tout médecin diplômé, sous forme de salariat et sans obligation, avec une aide logistique des collectivités territoriales au médecin (et sa famille, le cas échéant). Déjà fin octobre, l’Académie avait formulé une préconisation similaire.
À ceci s’ajoute la sensibilisation de la population au respect des soignants, notamment en honorant les rendez-vous ; une optimisation des délégations de tâches, avec un parcours de soins coordonné par le médecin généraliste ; une revalorisation des visites à domicile et une facilitation du stationnement ; une confortation des honoraires en zones sous-denses ; une augmentation massive du numerus clausus en tenant compte des généralistes diplômés qui n’exercent pas la médecine générale, etc.
La quatrième année discutée
Sur la quatrième année de DES de médecine générale, l’Académie a expliqué par la voix du Pr Queneau qu’elle ne l’avait pas soutenue, mais puisqu’elle est là, il faut faire avec ! Ainsi, elle préconise des stages ambulatoires organisés par les facultés et les agences régionales de santé, sans obligation territoriale. « Les étudiants ne sont pas là pour combler les trous », ajoute le Pr Queneau. Lors des échanges, le Pr Marie-Germaine Bousser a relevé qu’« à partir du moment où l’on impose une quatrième année aux médecins généralistes, il n’y a pas de raison de laisser la consultation de base à ce prix dérisoire, puisqu’ils auront autant d’années d’études que les autres spécialistes ! »
Le Pr Jean-François Mattei est allé dans son sens. En ajoutant trois autres limites : « qui seront les maîtres de stages universitaires (MSU) ? S’ils sont à 10, 20, 30, 40 kilomètres : qui portera la responsabilité des actes et des prescriptions de l'interne ? » ; « lors de cette quatrième année, ces généralistes auront autour de 27 ans et seront installés, auront fondé une famille : les en couper et provoquer une séparation familiale ne me paraît pas le meilleur effet ! » ; enfin, « il s’agirait également de l’année de leur thèse, est-ce le moment de les éloigner des bibliothèques universitaires et de leurs références académiques ? ». Et de conclure : « pour moi, ce n’est pas le bon choix, mais elle a été votée donc sera appliquée. »
L’ancien député et ministre de la Santé a également souhaité marquer l’audience avec l’une de ses propres propositions consistant à ouvrir des cabinets communs en ville et dans le même temps dans les déserts médicaux, pour favoriser l’exercice multisite. Ainsi, « chaque médecin pourrait y aller un jour de la semaine et répondre à la demande de soins ! »
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