« On ne peut plus dire qu’on ne sait pas. » En tout cas, c’est ce qu’espère le Dr Éric Henry, généraliste dans le Morbihan et président de l’association Soins aux professionnels de santé, qui vient en aide aux soignants en souffrance dans leur travail. À l’occasion de son 3e colloque qui aura lieu lundi à Paris, l’association vient en effet de sortir une étude qui montre qu’un médecin sur quatre a déjà eu des pensées suicidaires. Ils sont encore plus nombreux (46 %) à connaître des professionnels de santé ayant fait des tentatives de suicide. Une fois le constat posé, qu’est ce qu’on fait ?
Faire bouger les lignes
Le Dr Henry estime que depuis longtemps la réponse a trop souvent été : pas grand-chose. « J’ai la sensation que ce dossier est immobile. Il faut remettre le mot suicide sur le haut de la pile, en faire un enjeu de santé publique » explique-t-il. Son but aujourd’hui est notamment de former les professionnels à repérer leurs confrères qui présentent un risque suicidaire, « faire émerger des sentinelles dans la population ». Pour ensuite les orienter vers les différentes structures mises en place par SPS : plateforme d’écoute, unités de soins dédiées, hospitalisation de jour etc.
[VIDEO] : Après les résultats édifiants de l’enquête, quelles actions voulez-vous faire émerger ?
Une enquête d @AssoSPS révèle qu'1 médecin sur 4 a déjà eu des pensées suicidaires et que 46% connaissent des confrères ayant fait des tentatives. Pour @HenryBretagne il faut donc " former les médecins à repérer leurs confrères à risque" @LeGene_hebdo pic.twitter.com/wiLv3yMPee
— AmandineLeBlanc (@Amandine_LBlanc) 6 décembre 2017
Le nerf de la guerre pour faire avancer cette cause c’est aussi l’argent. C’est pourquoi le Dr Éric Henry lance un appel à Agnès Buzyn pour mettre réellement les moyens pour la prévention du suicide comme cela a été fait auparavant pour d’autres grandes causes.
[VIDEO] : « S’il vous plaît, mettez le même budget investi pour la prévention routière sur la prévention du risque suicidaire »
"S'il vous plaît, mettez le même budget qui a été investi pour la prévention routière pour la prévention du risque suicidaire" l'appel d' @HenryBretagne à @agnesbuzyn pour lutter contre le #suicide des soignants, après l'enquête de @AssoSPS pic.twitter.com/6Fg3BQ1LuW
— AmandineLeBlanc (@Amandine_LBlanc) 6 décembre 2017
L'argent est aussi le nerf de la guerre pour l’association SPS qui a fonctionné cette année grâce à un budget versé par la Cnamts : 80 000 euros, puis une rallonge de 30 000 euros en fin d’année. « Un appel sur notre plateforme d’écoute nous coûte 80 euros » explique Catherine Cornibert, directrice de la communication de l'association. Pour répondre à tous les appels sept jours sur sept, 24 heures sur 24, 60 psychologues libéraux sont rémunérés par l’association.
Trois quarts des appelants sont des femmes
Depuis l’ouverture de la plateforme d’écoute il y a un an, 1 800 appels ont été reçus. Les infirmiers sont les plus nombreux (32,8 %), mais beaucoup de médecins s’adressent aussi à SPS : 417 depuis le début, soit 28,3 % des appels. Sur la plateforme, toutes professions confondues, les appelants sont 75 % de femmes et 36 % de libéraux. Si en nombre, les appels viennent logiquement plus fréquemment d’Ile-de-France, les régions Auvergne Rhône-Alpes, Bretagne, Grand-Est, Hauts-de-France et Aquitaine concentrent également de nombreux appels. Quant aux raisons qui poussent les professionnels de santé à décrocher leur téléphone, dans plus d’un quart des cas, il est question d’épuisement professionnel. Viennent ensuite : les demandes d’information (12 %), les conflits avec la hiérarchie (11 %), les problèmes de santé (7 %) ou dénoncer les mauvaises conditions de travail (6 %).
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