Un rapport parlementaire vise à réorganiser les professions de santé d'ici dix ans

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Publié le 07/07/2021

Crédit photo : Léo Juanole

Le député du Rhône Cyrille Isaac Sibille (MoDem) et médecin ORL a présenté ce matin devant la commission des Affaires sociales, puis ce midi devant la presse, un rapport d’information sur l’organisation des professionnels de santé. Son objectif était de formuler une vision dans dix ans pour « améliorer la qualité des soins dispensés, offrir aux professionnels de santé une perspective d’évolution de leurs missions, ainsi que renforcer la prévention », dans un contexte de vieillissement de la population et d’explosion des maladies chroniques. Sa vision passe par une délégation des compétences et une plus grande coopération entre les professionnels de santé.

Le tout, au lendemain de seize mois de « séisme », a-t-il dit en introduction, référant à la crise sanitaire qui a, selon lui, « tout bousculé », notamment au sujet des vaccinations. Celles-ci étant désormais réalisées par tous les professionnels de santé et plus seulement par les généralistes et pharmaciens ; d’où son interrogation : « Pourquoi n’avions-nous pas fait ça avant ? » Se revendiquant « assez optimiste », le député espère que son rapport et ses préconisations soient repris dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Tout ceci « peut évoluer assez rapidement », a-t-il ajouté.

Une approche transversale

L’approche transversale a été vantée par le député, qui a réuni les grandes catégories de professions comme les métiers de l’assistance médicale et technique ; au même titre que l’approche par filière, visuelle ou auditive par exemple. Ce dernier était d’ailleurs « surpris » de constater que pour certains, c’était la première fois qu’ils se retrouvaient tous autour de la table, alors que les points de convergences sont nombreux.

Quatre grands axes ont été dégagés de ce rapport :

   • Le principal axe est la montée en compétences de l’ensemble des professionnels de santé et son élargissement ; soit la logique « de l’escalier », dans laquelle « chaque professionnel verrait progressivement son champ de compétences étendu ». La mission propose ainsi « d’actualiser les listes d’actes que chacune des professions paramédicales peut réaliser, mais également de faire monter individuellement en compétences les professionnels grâce à la portabilité des acquis ». L’octroi d’unités de valeur universitaire pourrait « venir sanctionner le suivi d’une formation dans le cadre d’un protocole de coopération, permettant au professionnel de conserver les compétences acquises pour le reste de sa carrière ».

   • Le second est le recours à l’exercice en pratique avancée. Selon la mission, « l’évolution des professions de santé passe par le renforcement de l’exercice en pratique avancée pour les infirmiers (en adaptant le modèle économique de la pratique avancée, surtout en libéral) et par la création d’un tel exercice pour d’autres auxiliaires médicaux », tels que les techniciens de laboratoire et les manipulateurs en électroradiologie, par exemple.

   • Le rapport insiste également sur le renforcement des missions de prévention, trop peu partagées entre les professionnels de santé. Ainsi est préconisé de renforcer « les missions de prévention des infirmiers en pratique avancée (IPA) exerçant en libéral et d’étudier l’opportunité de créer une ROSP qui leur serait spécifique ».

   • Enfin, le renforcement du travail en équipe est ciblé comme une priorité par la mission. L’importance des outils numériques et « la nécessité d’instaurer de nouvelles modalités de financement plus propices aux collaborations » incitent à penser, selon le rapport, que « le versement de forfaits correspondants à la prise en charge globale d’un patient par plusieurs professionnels » doit être plus largement expérimenté.

Les généralistes comme coordinateurs

Interrogé sur la future place des généralistes, Cyrille Isaac Sibille les voit comme des « chefs d’équipe, coordinateurs de soins établissant des diagnostics ». Dans les années à venir, « il y aura une demande croissante de santé » et « chez les jeunes, la santé a dépassé l’écologie dans les problématiques principales… C’est un signal ! » Quand on lui oppose que les médecins perdraient peut-être du champ avec sa théorie « de l’escalier », il rétorque qu’il ne croit pas à la concurrence. « Tout le monde aura à travailler », affirme-t-il.

D’autres points ont été soulevés par l’élu du Rhône, comme le « développement de l’exercice des infirmières puéricultrices en ville et l’élaboration d’axes "santé de l’enfant" au sein des CPTS, intégrant la protection maternelle et infantile (PMI) et la santé scolaire. » La mission a également incité à accroître « la coopération entre aides-soignants et infirmiers » pour « assurer le virage domiciliaire et faire face au vieillissement de la population ». Aussi, le rapport préconise de permettre à des aides-soignants de travailler sous statut libéral au sein de cabinet d’infirmiers libéraux. Reste à savoir si ce rapport portera ses fruits, avant ou après la présidentielle.


Source : lequotidiendumedecin.fr