VIH, la piste de l’immunothérapie

Publié le 03/12/2015
Alors que le contrôle de l’infection à VIH est à présent une réalité quotidienne, la guérison devient désormais un objectif. Pour autant, la nouvelle innovation de rupture relève encore de la recherche. Après l’hépatite C, l’infection à VIH sera-t-elle définitivement guérie ?
Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS

Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS
Crédit photo : GARO/PHANIE

Le compte à rebours n’est pas encore lancé. Mais de nouvelles pistes thérapeutiques sont actuellement creusées. Avec des succès divers. Bristol-Myers Squibb a reçu de la FDA la mention de percée thérapeutique pour son nouvel agent en cours de développement le BMS-663068. Cette désignation a été attribuée après la présentation d’un essai de phase IIb lors de la 22e Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (Croi). L’objectif ici est d’agir en amont, à savoir entraver la fixation du virus à la cellule hôte. C’est le premier représentant d’une nouvelle classe, les inhibiteurs de fixation. Un essai de phase III chez des patients lourdement prétraités a débuté en février dernier.

Anticorps puissant en une seule injection

Quant à Gilead, une nouvelle voie est explorée avec le TLR7 agoniste. Mais le développement est ici à un stade préliminaire. Ce composé a déjà été étudié dans l’hépatite B. En attendant, l’immunothérapie opère un retour salué par de nombreux spécialistes. Un essai de phase I soutenu par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases avec le 3BNC 117 permet de miser de nouveau sur cette option thérapeutique. Un anticorps puissant de nouvelle génération a ainsi réduit en une seule injection la charge virale de patients infectés par le VIH durant quatre semaines. La dose la plus élevée entraîne le meilleur résultat. L’anticorps est isolé et cloné à partir d’un patient infecté par le VIH. Comme pour les thérapies classiques. Une monothérapie sera insuffisante pour contrôler l’infection.

Vaccin thérapeutique ?

Son association avec des antirétroviraux classiques est par ailleurs envisagée. Des chercheurs envisagent même d’évaluer son intérêt dans la prévention de l’infection à VIH à l’image de l’indication récente obtenue par le Truvada®. Une stratégie alternative repose sur les vaccins thérapeutiques. Avec un risque de trop-plein, quinze d’entre eux seraient en cours de développement. De plus, certains résultats ont provoqué une réelle déception. L’essai de phase II mené par Biosantech a récemment provoqué une belle polémique en présentant ses résultats à la presse plutôt qu’après la publication de l’étude par une revue scientifique. Le Pr Jean-François Delfraissy (Cf. photo), à la tête de l’ANRS, avait appelé à la plus grande prudence. D’autant que le critère principal n’aurait pas été atteint.

Biotech françaises sur le coup

Les biotechs françaises sont, en tout état de cause, très présentes sur ce créneau. InnaVir Vax vise à entraver la destruction des cellules CD4 impliquées dans la défense immunitaire de l’organisme. Une première étude clinique 1/22a a confirmé la validité du concept. À ce jour, la start-up a levé 15 millions d’euros. Enfin, Theravectys a opté pour le recours à des vecteurs lentiviraux. Là encore, des résultats préliminaires ont été obtenus. Mais on est encore loin du compte. L’éradication du virus en clinique, et donc la guérison est encore un objectif lointain.

Gilles Noussenbaum

Source : lequotidiendumedecin.fr