Arrêter pour se faire opérer

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Publié le 18/11/2022
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L’arrêt du tabac fait partie du traitement du cancer. « Contrairement à une idée trop répandue, l’annonce d’un diagnostic de cancer s’avère être un moment propice, un ‘teachable moment’, pour engager les patients dans une démarche d’arrêt du tabac », souligne la Dr Dominique Triviaux, du Centre Léon Bérard (Lyon). En outre, il est démontré que la période péri-opératoire offre aussi une excellente opportunité pour arrêter de fumer, multipliant les taux de sevrage avant chirurgie par dix et ceux de sevrage maintenu à un an, par trois. « Une intervention pour cancer peut donc apparaître comme un moment opportun pour proposer un arrêt du tabac », ajoute-t-elle. L’idée est de proposer une abstinence temporaire avant chirurgie, et de l’utiliser comme une porte d’entrée vers l’arrêt.

Dans ce contexte, le Centre Léon Bérard a mis en place en novembre 2020 un « Circuit rapide de tabacologie » (CRT) en chirurgie thoracique et gynécologique, avec l’appui des chirurgiens et des pneumologues du centre. Concrètement, ces derniers abordent la question du tabac dès la première consultation, proposent l’abstinence temporaire en vue de la chirurgie, initient la prescription de substituts nicotiniques (TNS) et créent une alerte auprès du secrétariat de tabacologie. Dans les 48 heures qui suivent, deux téléconsultations sont organisées avec un médecin tabacologue, qui assure le suivi du patient jusqu’à la chirurgie (et au-delà s’il le souhaite).

Parmi les 78 patients inclus dans une étude pilote, 18 ont refusé le CRT, et 57 ont arrêté de fumer avant la chirurgie, avec une période d’arrêt médiane de 13,5 jours avant l’acte opératoire (14 jours si les TNS étaient prescrits par le chirurgien ou le pneumologue, et 10,5 jours s’ils étaient prescrits par le tabacologue). « Ces premiers résultats seront complétés par d’autres données, indique la Dr Triviaux. Mais ils sont d’ores et déjà encourageants, parce qu’ils confirment la faisabilité d’une systématisation du sevrage tabagique au début du parcours de soins, et, pour ces patients, ouvrent la perspective d’une sortie du tabagisme. »

Anne-Lucie Acar

Source : Le Quotidien du médecin