DOSSIER 1 : LES ALLERGIES RESPIRATOIRES

Les allergies respiratoires : les différentes manifestations cliniques

Publié le 13/02/2014
Dossier1chp1

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1. La rhinite allergique 
 
La rhinite reste un motif fréquent de consultations. Elle incite le médecin à la réalisation d’un bilan (pour QDM : faire lien avec algorithme du site TF) permettant de différencier la rhinite allergique des autres causes d’atteinte ORL : infectieuse, hormonale, vaso-motrice… Actuellement, on estime que la rhinite allergique concerne plus de 500 millions de personnes au niveau mondial avec des variations de prévalence selon les pays et l’âge concerné. À titre d’exemple, en France, elle intéresse 10 à 20 % de la population pédiatrique, sa prévalence  atteignant 28 % chez les 29-53 ans. Le consensus ARIA ( Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma) définit dès les années 2000 la rhinite allergique comme « l’ensemble des manifestations fonctionnelles nasales engendrées par le développement d’une inflammation immédiate IgE-dépendante de la muqueuse nasale en réponse à une exposition à différents types d’allergènes ». Il est très  important de faire la part des choses entre la période  préalable de sensibilisation (avec fabrication d’IgE spécifiques sans manifestation clinique) et l’allergie en elle-même avec des tests allergologiques positifs et une histoire clinique concordante.
 
Le « salut » de l’allergique
• Classiquement les symptômes  décrits chez l’adulte et le grand enfant peuvent être invalidants au quotidien et entraîner une détérioration de la qualité de vie du patient :
- des salves d’éternuements évoluant sur un mode chronique (lors de contacts quasi permanents), aigu (contact occasionnel) avec des pneumallergènes  de l’environnement domestique ou périodique avec les pollens selon les dates de floraison ;
- une rhinorrhée claire, antérieure ou postérieure ;
- une obstruction nasale uni- ou bilatérale ;
- un prurit nasal engendrant un frottement  manuel vertical ou horizontal des narines  appelé le « salut de l’allergique ». Il est parfois accompagné d’un prurit vélo-palatin déclenchant un râclement de gorge ;
- des troubles transitoires de l’odorat sont parfois signalés, mais ne sont pas l’apanage de la rhinite allergique.
• Chez l’enfant plus jeune, la rhinite allergique peut prendre un aspect trompeur sous la forme de rhino-pharyngites à répétition. Le bilan allergologique permettra de faire la part des choses surtout chez les enfants atopiques.
 
Classification ARIA
La classification ARIA permet de définir les rhinites allergique comme intermittentes si elles durent moins de 4 jours par semaine ou de 4 semaines consécutives par an ; ou comme persistantes si elles se manifestent plus de 4 jours par semaine ou plus d’un mois par an.
Au sein de cette classification s’ajoute l’incidence sur la vie quotidienne. Elle est qualifiée de  sévère si elle retentit sur la qualité de vie du patient (sommeil, activité de loisirs ou professionnelle, scolaires). Dans le cas contraire , elle est dite  légère.
 
2. L’asthme 
 
• L’asthme est une maladie respiratoire qui fait encore peur de nos jours. Fréquemment associé à une rhinite. On estime que 60 à 80% des asthmatiques présentent une rhinite. L’asthme correspond à une inflammation de la muqueuse bronchique. Celle-ci peut faire suite à des bronchiolites à répétition et débuter très tôt dans l’enfance. Il s’agit en réalité d’une maladie chronique souvent émaillée de crises aiguës déclenchées par des facteurs allergiques ou irritants. Cette phase critique se caractérise par l’association d’une toux, de sifflements pulmonaires à l’expiration et d’un essoufflement. Non traitées, ces crises peuvent s’aggraver pour aboutir à une détresse respiratoire et à une hospitalisation. Le nombre de décès par asthme, évalué à 2000/an, pendant de nombreuses années, tend à diminuer progressivement. Il faut cependant rester vigilant. N’hésitez pas à hospitaliser rapidement tout patient dont la fonction respiratoire s’altère au fil des jours ou rapidement. Il devient dyspnéique, cyanosé  avec des troubles du rythme cardiaque ( la bradypnée et bradycardie étant des signes de gravité), parfois confus  avec silence auscultatoire (disparition des sibilants), hypersudation  et tirage sus-sternal avec un traitement classique par bêta2-mimétique devenant inefficace.
 
• Pour ce qui est des équivalents asthmatiques,  l’inflammation bronchique reste plus modérée. Il ne faut pas pour autant les négliger. Ce peut être une toux la nuit (vers 3 heures du matin) ou lors d’un fou-rire, de la montée des escaliers, d’une course d’endurance. Des sifflements très caractéristiques sont audibles à l’auscultation dans les mêmes circonstances. La personne peut être dyspnéique pour de simples gestes de la vie quotidienne ou seulement à l’effort. Ces phénomènes isolés les uns des autres amènent à suspecter un diagnostic d’asthme à venir. 
 
3. Les signes associés
 
Le terrain atopique est connu dans un grand nombre de cas et se manifeste par une rhinite et/ou un asthme allergique souvent associés à un eczéma atopique ou à une conjonctivite allergique bilatérale avec érythème conjonctival, prurit oculaire. L’asthme représente l’un des signes cliniques des chocs anaphylactiques sévères et des décès par allergie alimentaire.
 
À savoir 
1. Chez le petit enfant, la rhinite allergique peut s’exprimer sous la forme de rhino-conjonctivites à répétition.
2. Une rhinite se déclenchant chaque année à la même époque ou lors de contacts répétés avec des allergènes potentiels est suspecte d’être allergique .
3. Tout symptôme d’équivalent asthmatique apparaissant lors d’une rhinite allergique impose un bilan d’asthme.
4. Un asthme allergique peut apparaître à l’âge adulte.
5. La réaction allergique apparaît dans les minutes ou dans les quelques heures qui suivent le contact allergénique.
6.Une rhinite peut en cacher une autre (cf. fiche 2 : Manifestations allergiques chez l’adulte).
Bibliographie 
- Braun JJ et Coll. Recommandations pour le diagnostic et la prise en charge de la rhinite allergique (épidémiologie et physiopathologie exclues). Rev des Mal Respir , 2010 ; 27 ; S79-S105
- Bousquet J et coll. Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma (ARIA) 2008, update (in collaboration with the World Health Organization, GA (2) LEN and Aller Gen) Allergy, 2008 ;  63 : S8-S160(grade A). 
- Dutau G et coll. . Épidémiologie de l’asthme et des allergies alimentaires. Revue Française d'Allergologie, 2011 ; 51 ; 248–54.
- Lezmi G. et coll. Rhinite allergique de l’enfant : un phénotype à risque de persistance à l’âge adulte. Revue Française d'Allergologie, 2013 ; 53 :  270-274.
 


Source : lequotidiendumedecin.fr