Alors que le cannabis thérapeutique est autorisé dans un nombre croissant de pays, la question de son usage, de ces indications, et des risques associés, reste très débattue. Lors du congrès de la société américaine d'oncologie clinique (ASCO) qui se termine ce mardi 4 juin à Chicago, le Dr Claude Cyr (université Mc Gill de Montréal) a résumé les attentes et la prudence suscitées par ce nouveau moyen de lutte contre la douleur, l'insomnie, l'anxiété, la dépression, les nausées et l'anorexie des patients pris en charge pour un cancer.
« Le cannabis est un des rares composés qui peut traiter tous ces symptômes », a expliqué ce spécialiste québécois de la gestion de la douleur lors d'une session de formation consacré à la question. Toutefois, « plus cela avance, plus on réalise que le cannabis n’est pas aussi anodin que cela », prévient-il. Au micro de nos collègues de France Info, le Dr Cyr va même plus loin : « Il y a des études qui démontrent que, dans certains cas, [le cannabis] pourrait favoriser la prolifération tumorale. »
Des contre-indications déjà identifiées
Au cours de sa présentation, le Dr Cyr a insisté sur le fait que « le cannabis devrait être envisagé chez tous les patients en phase terminale ». Il pointe toutefois un certain nombre de risques, et notamment celui de l'aggravation des troubles psychotiques, voire leur apparition chez des patients prédisposés. « Le cannabis peut aussi provoquer de l'hypertension et des syncopes, mais cela peut être évité par une titration prudente [...] Il faut aussi éviter le cannabis thérapeutique chez les patients sous anti-PD1 et anti-PD-L1. L'année dernière, une étude a en effet montré que le cannabis pouvait réduire l'efficacité de tels traitements. »
Retours d'expérience
Plusieurs équipes présentes à l'ASCO ont publié des retours d'expériences concernant l'usage du cannabis thérapeutique dans leurs services de cancérologie. Ainsi, une équipe de l'hôpital Beaumont, dans le Michigan, a mené une enquête auprès de 188 patients atteints de différentes formes de cancer, de différents stades (38 % de tumeurs solides de stade précoce, 41 % de tumeurs solides métastatiques, 21 % de cancers hématologiques).
Le cannabis médical était utilisé par un quart des patients. Les patients déclaraient une amélioration de leurs symptômes douloureux dans 81 % des cas, une amélioration de leur appétit dans 77 % des cas, de leur anxiété dans 73 % des cas et de leur tolérance au traitement dans 54 % des cas.
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