LA VACCINATION chez les sujets masculins entraîne des réactions immunitaires semblables à celles qui sont observées chez les femmes. Elle pourrait ainsi être envisagée afin de protéger leurs partenaires et de diminuer le risque de lésions HPV induites chez les sujets ainsi vaccinés, comme les verrues génitales et les cancers épidermoïdes du pénis et de l’anus et les cancers ORL.
La discussion sur l’intérêt de recommander la vaccination des sujets masculins dépend de facteurs multiples, notamment l’incidence et la mortalité des lésions HPV induites, la proportion de cas évitables par la vaccination, la survie par type de cancer, mais aussi l’extension de l’immunité chez les femmes, les considérations médicoéconomiques, en particulier les coûts de la vaccination des hommes et les économies de santé induites par la réduction des coûts directs et indirects des cancers masculins ainsi évités.
Des outils de modélisation sont donc indispensables. Ils sont destinés à synthétiser les données épidémiologiques et économiques disponibles. Ils peuvent donc utilement servir de guide pour éclairer la décision des autorités de tutelle en matière de santé publique.
C’est dans cet esprit que J Bogaards et coll. ont entrepris de fournir une estimation* du bénéfice de la vaccination des sujets masculins contre le HPV 16/18. Pour cela, ils ont entrepris une analyse pharmacoéconomique afin d’obtenir une estimation du rapport coût-efficacité différentiel de la vaccination des jeunes hommes en années de vie pondérées, ou ajustées pour la qualité de vie (QALY). Le principe de construction des QALYs consiste à ajuster chaque année par un coefficient de pondération qui représente le niveau de qualité de vie qui lui correspond. L’étude a également été pondérée par les économies de santé générées par la vaccination envisagée. Ces mesures d’économie ont porté sur les cancers du pénis, de l’anus, de la cavité orale, de l’oropharynx et du larynx. Les coûts de la vaccination ont également été pris en considération, ainsi que la couverture vaccinale chez les femmes.
Au total, il est apparu que le bénéfice en termes de coût-efficacité de la vaccination des sujets masculins dépend étroitement de la couverture vaccinale chez les femmes. Ainsi, dans les pays ou cette couverture vaccinale féminine dépasse 50 % chez les préadolescentes, la vaccination des jeunes hommes n’induit qu’un bénéfice modeste en termes de santé publique. Elle n’est donc pas susceptible d’être coût-efficace. Pour J Bogaards et coll., envisager son remboursement n’apparaît donc pas solidement étayé quand on la compare aux autres mesures préventives.
D’après la communication de J Bogaards, Amsterdam, Pays-Bas.
* Bogaards JA, Kretzschmar M, Xiridou M, Meijer CJLM, Berkhof J, Wallinga J. Sex-Specific Immunization for Sexually Transmitted Infections Such as Human Papillomavirus: Insights from Mathematical Models. Goldhaber-Fiebert JD, ed. PLoS Med. 2011;8(12):e1001147.
Article précédent
Faut-il vacciner les personnes infectées ?
Article suivant
Des situations européennes divergentes
La place des tests HPV
L’autoprélèvement, une stratégie efficace
Un parallélisme croissant avec les cancers du col
Faut-il vacciner les personnes infectées ?
Coût-efficacité de la vaccination des sujets masculins
Des situations européennes divergentes
Le vaccin : sa perception et ses barrières
À la recherche de la signification du papillomavirus dans la muqueuse
Une approche clinique qui peut être difficile
Toujours pas une priorité pour les décideurs
Les pratiques divergentes de la colposcopie
Tester tous les 5 ans pourrait suffire
Les tests ADN de référence
La bonne spécificité du test ARN
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024