« Nous disposons aujourd’hui de tests analysant l’ADN libre plasmatique circulant, indique le Pr Paul Hofman (CHU de Nice), et cette pratique est entrée dans la routine dans le cadre du traitement du cancer bronchopulmonaire dans au moins une vingtaine de centres de soins en France ».
Une approche complémentaire à la biopsie tissulaire
La mise en évidence d’une mutation de l’EGFR sur l’ADN circulant permet dans certains cas d’adapter le traitement initial ou en cas de progression tumorale sous inhibiteur de tyrosine kinase. « Auparavant, la recherche de mutation était systématiquement réalisée sur des biopsies tissulaires, rappelle le Pr Hofman. Moins invasives, et donc utiles chez les patients les plus fragiles et pouvant être répétées, les biopsies liquides sont toutefois de moindre sensibilité, de l’ordre de 70 %. Les deux approches sont très complémentaires. Ainsi, une biopsie tissulaire lors d’une endoscopie ou par voie transthoracique reste indiquée en cas de biopsie liquide négative réalisée à progression et à l’inverse, une biopsie liquide peut venir compléter une biopsie tissulaire insuffisamment contributive. Aujourd’hui, en cas de progression tumorale sous inhibiteur de tyrosine kinase, la tendance est à la réalisation en première intention d’une biopsie liquide, afin d’éviter de répéter des biopsies endoscopiques », précise le Pr Hofman. Après le cancer bronchopulmonaire, le mélanome malin Braf muté bénéficiera bientôt de cette avancée, qui devrait aussi concerner à terme la prédiction de la réponse à l’immunothérapie dans le cancer bronchique, de la vessie, du rein, dans le mélanome, voire d’autres tumeurs solides.
De multiples applications en recherche
La recherche de cellules tumorales circulantes (CTC) reste du domaine de la recherche clinique et translationnelle, avec des applications variées : évaluation de la sensibilité au traitement après xénogreffes de CTC chez la souris ou du potentiel métastatique d’une tumeur, dépistage du cancer bronchique chez des sujets à haut risque ou encore analyse génomique à très haut débit. « Plus d’une cinquantaine de méthodes de recherche de CTC ont été développées dans le monde, mais aucune ne peut aujourd’hui être utilisée en pratique quotidienne dans les hôpitaux français », rapporte le Pr Hofman. Il faut en effet une technique reproductible, robuste, très sensible et très spécifique pour repérer parfois 3 à 4 CTC parmi les 50 milliards de cellules contenues dans 10 ml de sang.
À côté de l’analyse de l’ADN circulant et de la recherche de CTC, de nombreux travaux portent actuellement sur un autre volet de la biopsie liquide, l’analyse des microparticules porteuses de matériel génétique appelées exosomes, qui pourrait permettre d’affiner le pronostic, voire le diagnostic des tumeurs.
« Il s’agit là de tout un nouveau pan de recherche en pleine évolution, qui ouvre de nombreuses perspectives en cancérologie », conclut le Pr Paul Hofman.
D’après un entretien avec le Pr Paul Hofman, CHU de Nice
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