Une publication récente du NEJM a suggéré l’intérêt d’un nouveau marqueur sanguin pour le diagnostic précoce du mésothéliome. Il s’agit de la fibuline-3 (1). Les auteurs notaient des taux plasmatiques de fibuline-3 significativement plus élevés chez les patients avec mésothéliome, comparés aux personnes saines exposées à l’amiante. « Il s’agit de données très préliminaires, souligne le Pr Arnaud Scherpereel ; en outre la publication n’est pas dénuée de problèmes méthodologiques. C’est sûrement d’un marqueur intéressant à explorer mais je ne suis pas certain qu’il s’agisse d’un marqueur révolutionnaire, comme les auteurs ont l’air de l’envisager. Le marqueur de référence reste pour l’instant la mésothéline soluble, à laquelle nous allons comparer la fibuline-3 ».
La recherche pour un diagnostic précoce s’est également intéressée aux marqueurs exhalés dépistés par « nez électronique » ou par des chiens dressés à la reconnaissance de marqueurs. Des auteurs ont ainsi montré que, sur 20 patients atteints d’un mésothéliome, le nez électronique donnait des résultats positifs dans plus de 80 % des cas (2).
« Il s’agit de résultats très intéressants mais à confirmer. Quoi qu’il en soit, insistele Pr Scherpereel, le diagnostic de mésothéliome reste basé sur l’histologie des biopsies pleurales avec relecture systématique des prélèvements par le réseau national expert Mesopath. »
Une technique d’outre-Atlantique.
En termes de traitement, la référence reste toujours la chimiothérapie de 1re ligne par l’association cisplatine-pemetrexed (Alimta). Une étude randomisée de phase III (« MAPS » de l’IFCT-GFPC*) incluant 445 patients, est en cours sur l’association potentielle de celle-ci avec le bévacizumab (Avastin, anticorps anti-VEGF). « Autre nouveauté thérapeutique, signale le Pr Scherpereel : on espère ouvrir prochainement en France un essai de traitement multimodal qui associerait une pleurectomie-décortication avec une chimiothérapie adjuvante et, surtout, avec la photothérapie dynamique intrapleurale, nouvelle technique qui nous vient des États-Unis (3) ». Le principe est d’injecter un produit photosensibilisant chez le patient en préopératoire et, en fin de geste opératoire (pleurectomie-décortication), d’illuminer la cavité pleurale avec une source de lumière laser de façon à faire réagir le produit photosensibilisant afin de détruire le tissu tumoral résiduel. Cet essai clinique est mis en place à Lille et devrait démarrer courant2 013.
Le réseau Mesoclin.
Un autre élément intéressant pour la prise en charge diagnostique et thérapeutique du mésothéliome est la mise en place, avec le soutien de l’Inca (AAP Cancers rares) et en collaboration avec les experts en Pathologie (réseau « Mesopath », Pr F. Galateau-Sallé, CHU de Caen), du réseau de centres experts régionaux cliniques « Mesoclin ». Ce réseau, dont la coordination est à Lille, va organiser des réunions de concertation pluridisciplinaire régulières, régionales et nationales, afin de proposer les meilleures options diagnostiques et thérapeutiques à tous les malades, de faciliter la mise en place d’études nationales et internationales, de rassembler pour la recherche les données spécifiques sur le mésothéliome au sein d’une banque de données associées aux tumorothèques (« Mésobank »), et de participer à l’information des professionnels, des associations et du grand public.
Entretien avec le Pr Arnaud Scherpereel, Service de Pneumologie et d’Oncologie Thoracique, CHRU de Lille.
*Mesothelioma Avastin Pemetrexed Study de l’Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique- Groupe Français de Pneumo?Cancérologie
(1) Pass H et al. Fibulin-3 as a Blood and Effusion Biomarker for Pleural Mesothelioma. New England Journal of Medicine; 11 octobre 2012, p 1417
(2) Chapman E.A. et al. À breath test for malignant mesothelioma using an electronic nose. Eur Respir J ; 2 012 40 : 448-454 ;
(3) Friedberg J. et al. Radical Pleurectomy and Intraoperative Photodynamic Therapy for Malignant Pleural Mesothelioma. The Annals of thoracic surgery ; 2012, vol. 93, no 5, pp. 1658-1665
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