Risque thrombo-embolique

Deux « nouveaux » facteurs de risque

Publié le 19/12/2013
Article réservé aux abonnés
1387419305480905_IMG_118046_HR.jpg

1387419305480905_IMG_118046_HR.jpg
Crédit photo : phanie

UNE GRANDE ÉTUDE SUÉDOISE confirme le surrisque thromboembolique pour les grossesses après fécondation in vitro (FIV). Le risque d’embolie pulmonaire reste faible en valeur absolue, mais il est multiplié par quasiment 7 au cours du premier trimestre par rapport aux grossesses standard. L’hyperestrogénie liée à la procédure est mise en cause.

Le risque thromboembolique veineux est augmenté par la grossesse, il l’est davantage après son obtention par fécondation in vitro (FIV). Une étude réalisée en Suède sur les registres nationaux de FIV et de naissance vient de confirmer cette donnée, en particulier au cours du premier trimestre de grossesse, tout en affinant son calcul à l’aide d’une méthodologie précise (1). L’équipe de P. Henriksson (Karolinska Institute, Stockholm) a en effet retrouvé un risque thromboembolique multiplié par 4 par rapport aux grossesses standard (1,5/1 000 versus 0,3/1 000), et non par 10 comme le suggérait une étude antérieure. En revanche, si « le nombre total d’embolies pulmonaires reste faible en valeur absolue », le surrisque au premier trimestre est multiplié par 7.

Il est à noter qu’alors que le risque d’embolie pulmonaire est plus élevé dans la période du post-partum après grossesse naturelle, il l’est après FIV au cours du premier trimestre de grossesse. Cette proximité temporelle suggère que les changements induits par la procédure elle-même sont importants dans la physiopathologie du processus embolique. Comme les auteurs le soulignent, les praticiens doivent être informés du surrisque d’embolie pulmonaire après FIV, compte tenu de ses symptômes parfois insidieux et de son pronostic potentiellement fatal.

Corticoïdes : un risque doublé.

Quelle que soit la voie d’administration, les corticoïdes doublent le risque thromboembolique selon une étude danoise. Sans surprise, la voie systémique est la plus à risque avec une incidence triplée à l’instauration du traitement, ce qui correspond à 11 accidents supplémentaires pour 1 000 nouveaux utilisateurs par an. Le surrisque diminue rapidement à l’arrêt, puisqu’il n’est augmenté que de 18 % dans les 90 à 365 jours post-traitement, et s’annule au-delà. La relation est dose-dépendante, avec un surrisque risque nul pour une dose cumulée équivalente de prednisolone inférieure ou égale à 10 mg, au maximum doublé pour une dose allant de 1000 à 2000 mg et majoré de 60 % au-delà de 2000 mg. La dose cumulée équivalente de prednisolone est obtenue en multipliant le nombre de comprimés x dose/comprimé x facteur de conversion prednisone.

(1) Henriksson P, et al. Incidence of pulmonary and venous thromboembolism in pregnancies after in vitro fertilisation: cross sectional study. BMJ. 2013 Jan 15;346(jan15 3):e8632–2.

(2) Johannesdottir SA, et al. Use of glucocorticoids and risk of venous thromboembolism: a nationwide population-based case-control study. JAMA Intern Med. 2013 May 13;173(9):743–52.

Dr GÉRARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9290