La dénervation rénale par voie endovasculaire utilise la radiofréquence ou les ultrasons pour détruire les nerfs du système nerveux sympathique circulant le long des artères rénales. Elle permet ainsi théoriquement de diminuer la pression artérielle (PA), mais son efficacité a été controversée…
En 2010, les premières études indiquaient que cette technique pouvait diminuer de façon importante la PAS, parfois de plus de 30 mm Hg. Cependant en 2014, l’essai SYMPLICITY 3 HTN (incluant pour la première fois un groupe contrôle avec procédure simulée) n’a pas montré de diminution de la PAS supérieure à celle obtenue dans le groupe contrôle. L’effet de la dénervation apparaissait donc comme un effet placebo.
Aujourd’hui, l’évaluation est plus rigoureuse : nouvelles techniques de dénervation, protocole de traitements pharmacologiques adjuvants strictement défini, groupe contrôle avec procédure simulée. Les derniers résultats ont montré une diminution significative de la PAS grâce à la dénervation rénale, de l’ordre de 6 à 7 mm Hg en clinique et de 4 à 7 mm Hg en mesure ambulatoire de pression artérielle (MAPA) à deux ou trois mois.
Une diminution de la PAS clinique et des 24 heures
Afin de confirmer un essai pilote mené sur 80 sujets, l’étude SPYRAL-HTN off med a inclus 331 patients sans traitement antihypertenseur (1). Ils devaient avoir une PAS clinique allant de 150 à 179 mm Hg, une pression artérielle diastolique (PAD) clinique ≥ 90 mm Hg et une PAS des 24 heures en MAPA de 140 à 169 mm Hg. La moitié des patients a eu une dénervation rénale avec le système SPYRAL et l’autre moitié une procédure simulée (artériographie rénale seule). À l’inclusion, leur PA clinique était en moyenne à 163/101 mm Hg et la PAS des 24 heures à 151 mm Hg.
Après trois mois de suivi moyen, les résultats ont montré une diminution significative de la PAS clinique (différence de 6,6 mm Hg entre les groupes, p < 0,001) et de la PAS moyenne des 24 heures (différence de 4 mm Hg, p < 0,001).
Cette étude démontre l’efficacité de la dénervation rénale chez les patients hypertendus, non traités par antihypertenseur. Bien que significatif, l’effet sur la PA est cependant faible. Il n’apparaît pas envisageable de proposer la procédure chez ces patients. À l’avenir, l’objectif sera de déterminer la place de la dénervation rénale dans la stratégie thérapeutique, et si elle pourrait diminuer les complications de l’hypertension artérielle.
(1) Böhm M et al. Lancet published Online March 29, 2020. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30554-7
Article suivant
Une place pour les anticoagulants oraux directs à faible dose
Efficace sur la pression artérielle
Une place pour les anticoagulants oraux directs à faible dose
Un AOD en prévention de la phlébite
Vers une nouvelle approche thérapeutique ?
Éviter le clopidogrel avec les anticoagulants
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024