Éditorial du Pr Michel Galinier

La cardiologie face à l’obésité

Publié le 05/07/2024
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Pr Michel Galinier, CHU de Toulouse

Pr Michel Galinier, CHU de Toulouse

Les cardiologues ont été rendus prudents vis-à-vis de la question du surpoids dans l’insuffisance cardiaque, à la fois en raison du « paradoxe de l’obésité » – une fois la maladie installée, son pronostic s’aggrave en cas d’amaigrissement – et de la plaie encore ouverte des effets indésirables cardiologiques des anciens médicaments de l’obésité, l’isoméride et le benfluorex.

Néanmoins, une réaction est nécessaire face au fléau que représente l’obésité, dont l’incidence ne cesse de progresser en France, touchant 17 % de nos concitoyens, notamment les plus modestes, alors que 30 % sont en surpoids. Les conséquences néfastes s’accumulent, sur le plan métabolique, avec dyslipidémie et diabète de type 2, cardiologique, en favorisant l’apparition des lésions athéromateuses, notamment coronariennes, et hémodynamiques. L’obésité est ainsi devenue une des principales étiologies de l’insuffisance cardiaque, tant à fraction d’éjection réduite que préservée, et des arythmies atriales. Elle favorise aussi l’apparition d’une HTA, d’un syndrome d’apnée du sommeil obstructif et d’une stéatose hépatique.

À côté des modifications alimentaires et de la majoration de l’activité physique qui restent indispensables, associées pour les patients les plus sévères à la chirurgie bariatrique, nous possédons aussi des traitements médicamenteux efficaces et sans effet secondaire grave, à savoir les analogues du GLP-1. Comme ils ont su le faire des inhibiteurs SGLT2, les cardiologues doivent maintenant se les approprier.

Les cardiologues doivent s’approprier les arGLP-1

Ces médicaments, initialement utilisés pour leur action hypoglycémiante chez les diabétiques de type 2, se sont en effet révélés efficaces chez les patients obèses non diabétiques en situation de prévention secondaire ou présentant une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée, grâce à leur effet bénéfique sur la diminution pondérale mais également du fait de leurs actions hémodynamiques et anti-inflammatoires.

À côté des études récentes avec le sémaglutide, des essais vont débuter avec des molécules associant agoniste des récepteurs du GLP-1 et analogue de l’amyline, hormone pancréatique de la satiété, encore plus efficace sur la perte de poids, notamment au cours de l’insuffisance cardiaque. Espérons que leurs résultats réconcilieront à jamais les cardiologues avec les médicaments de l’obésité.

Pr Michel Galinier, CHU de Toulouse

Source : Le Quotidien du Médecin