Pour la prise en charge thérapeutique des troubles urinaires du bas appareil (TUBA) dans le cadre d’une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), trois options sont classiquement envisagées. Il s’agit de la surveillance active, du traitement médical et enfin du traitement chirurgical. Ce dernier est dominé par l’adénomectomie voie haute, l’adénomectomie laparoscopique extrapéritonéale, ou par la résection par voie transurétrale (1). Les indications du traitement chirurgical font l’objet d’un consensus.
De nombreuses techniques chirurgicales de résection de l’HBP. Elles sont adaptées aux situations dans lesquelles le volume de la prostate est encore limité. On peut ainsi citer la vaporisation transuréthrale de la prostate, la vaporisation laser photosélective, l’ablation thermique, le traitement par micro-ondes et l’énucléation/vaporisation au laser Holmium. Ces traitements ont une efficacité comparable à celle de la résection par voie transurétrale. Leurs avantages sont la sécurité accrue, une baisse des complications per- et postopératoires, une durée d’hospitalisation plus faible et une reprise plus rapide des activités.
Vaporisation laser.
Le laser KTP (Greenlight), qui émet dans le spectre visible une onde de couleur verte, est très fortement absorbé par l’hémoglobine, ce qui évite tout saignement. Il est très peu absorbé par l’eau, ce qui permet à toute la puissance émise d’atteindre le tissu prostatique. De plus, il ne pénètre les tissus que sur une profondeur de 0,8 mm, ce qui limite l’irritation postopératoire. La vaporisation permet la création d’une loge, identique à celle d’une résection endoscopique, sans copeaux. Elle dégage immédiatement l’ouverture du canal urinaire et permet un jet d’urine puissant. Les résultats anatomiques de ce traitement et de la résection classique sont comparables. En revanche, la vaporisation n’engendre pratiquement aucun saignement et le patient peut rentrer chez lui après une hospitalisation d’un à deux jours seulement : la durée du sondage est brève, ce qui améliore le confort des patients et diminue le risque de colonisation bactérienne. Aux États-Unis, certaines équipes réalisent même cette vaporisation prostatique en ambulatoire, voire sans sonde.
Les suites opératoires sont généralement simples. Chez 10 à 15 % des patients, les urines ont un aspect rosé pendant une dizaine de jours en raison d’une hématurie minime, et les chutes d’escarre, responsables de saignement retardé lors des résections transuréthrales, sont exceptionnelles. À noter cependant, les signes irritatifs restent assez fréquents dans les premières semaines.
Traiter les gros volumes.
Une étude récente confirme que les résultats fonctionnels à court terme de cette technique sont satisfaisants et que la morbidité est faible (2). Les durées de sondage et d’hospitalisation sont faibles.
La possibilité de traiter les HBP de gros volume, supérieur à 90 cc, a été confirmée par ailleurs, les auteurs évoquant même, dans une formule quelque peu provocatrice assortie d’un point d’interrogation : « la fin de l’adénomectomie ? » (3). Cependant, un recul plus important reste nécessaire.
Il est utile de noter qu’une comparaison directe entre résection endoscopique et photovaporisation par laser AMS 512 nm 120 W a été effectuée dans le cadre d’un programme de soutien aux innovations coûteuses (STIC). Cette étude confirme l’efficacité similaire des deux techniques à deux ans (4).
D’après la session Chirurgie de l’HBP : nouvelles technologies.
(1) Cornu JN, Rouprêt M. Innovations chirurgicales dans le traitement de l’hyperplasie bénigne de la prostate : vers de nouveaux standards thérapeutiques ?Prog Urol 2007;17(5 suppl. 1):1026-8.
(2) Thoulouzan M, et coll. Laser Greenlight XPS 180 w pour le traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) : résultats préliminaires chez 53 patients. Abs. O-140.
(3) Thoulouzan M, et coll. Traitement de l’hypertrophie bénigne de prostate (HBP) de gros volume (› 90 cc) par Laser Greenlight XPS 180 w : la fin de l’adénomectomie ? Abs. O-143.
(4) Lukacs B, et coll. Premiers résultats de l’étude randomisée prospective multicentrique REVAPRO comparant résection endoscopique de prostate et photovaporisation par laser AMS 512nm 120W. Abs. O 141.
Article précédent
Pas assez de données
Après la première intention
L’hypothèse des perturbateurs endocriniens
Pas assez de données
Nouvelles technologies
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024