Les antioxydants par voie orale ont-ils un intérêt pour protéger la peau des méfaits du soleil ? Au vu des données présentées lors des journées dermatologiques de Paris, une supplémentation au long cours est à proscrire : chez les femmes, elle majore le risque de cancer cutané.
Que répondre aux patients qui s’interrogent sur les vertus des produits antioxydants, mélange de vitamines et d’oligoéléments, disponibles dans le commerce ? Que dire, par exemple, à une femme de 67 ans porteuse d’une importante héliodermie, régulièrement suivie pour des antécédents de carcinomes basocellulaires sur le visage et le tronc et qui prend des antioxydants depuis 5 mois. « Certainement d’arrêter la prise de ces produits et d’éviter dorénavant toute supplémentation au long cours en antioxydants, répond le Dr Marie-Thérèse Leccia, car, avec une héliodermie et des antécédents de cancers cutanés cette patiente a un double marqueur de risque ». À l’appui de cette recommandation, les données de l’étude SU.VI.MAX (SUpplémentation en VItamines et Minéraux Anti-oXydants), essai randomisé en double aveugle qui a évalué chez 12 741 personnes âgées de 45 à 60 ans, l’impact de la prise d’antioxydants (bétacarotène, vitamines C et E, sélénium et zinc) durant 7,5 ans sur l’incidence des maladies cardiovasculaires et des cancers. Le nombre de décès a été significativement moindre chez les hommes du groupe antioxydants (réduction de 37 %) par rapport à ceux du groupe placebo. En revanche, ce bénéfice n’a pas été constaté chez les femmes. La supplémentation n’a eu aucun impact sur les maladies cardiovasculaires et ce dans les deux sexes. L’incidence des cancers, tous sites confondus, a été réduite de 31 % chez les hommes du groupe antioxydants. Là encore cet effet n’a pas été observé chez les femmes. Le suivi dermatologique d’une population de cette étude révèle une moindre incidence des cancers cutanés chez les hommes supplémentés (30 cancers contre 43 dans le groupe placebo). À l’inverse, chez les femmes, le nombre de cancers cutanés est plus élevé dans le groupe supplémenté (47 versus 28 dans le groupe placebo). Le suivi sur 5 ans après l’arrêt de la supplémentation indique une disparition de ce surrisque, ce qui plaide également en faveur de l’effet négatif d’une supplémentation au long cours.
«Au total, indique le Dr Leccia , si une supplémentation en antioxydants, limitée à un mois ou deux ne semble pas avoir d’effet néfaste, sa poursuite sur le long terme ne peut être recommandée. L’essentiel est de privilégier une alimentation équilibrée qui permet d’éviter toute carence en vitamines et oligoéléments.
Chez l’enfant et l’adolescent, on ne dispose d’aucune donnée; il faut donc contre indiquer totalement toute supplémentation en antioxydants.»
Article précédent
Traiter le plus tôt possible.
Article suivant
Guetter le surpoids
Un groupe hétérogène
Traiter le plus tôt possible.
Pas de supplémentation au long cours
Guetter le surpoids
Traitement de l’urticaire chronique - Le nouveau consensus
Greffe d’épiderme ou de mélanocytes
Attention au bleu !
Vivre avec le mieux possible
La combinaison anti-BRaf/ anti-MEK
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024