Et si les diabètes ne s’arrêtaient pas à deux ?

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Publié le 15/03/2024
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Pr Serge Halimi, professeur émérite, université Grenoble-Alpes

Pr Serge Halimi, Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes

Pr Serge Halimi, Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
Crédit photo : DR

À quelques jours du congrès de la Société francophone du diabète, à Toulouse, on ne peut que constater que les innovations technologiques – pompes, capteurs, boucles fermées –, qui ont déjà largement dominé notre précédent congrès, seront de nouveau au programme cette année, avec une littérature médicale abondante témoignant d’une amélioration spectaculaire sur le contrôle glycémique et la qualité de vie des sujets ayant un diabète de type 1 (DT1).

Les nouveaux traitements du diabète de type 2 (DT2) suivent la même dynamique et, désormais, l’utilisation des agonistes du GLP-1 à fortes doses ou des bi-agonistes GIP-GLP-1 permet de réduire le poids des sujets en obésité. Que de grands pas accomplis !

Mais un autre courant de recherche émerge, celui d’une médecine de précision et prédictive. Au-delà des diabètes monogéniques, on sait le caractère fortement héréditaire du DT2, sans en maîtriser toutes les caractéristiques génétiques. Il s’agit de démembrer le bloc aussi énorme qu’hétérogène que constituent ces diabètes étiquetés « de type 2 » : diversité de l’âge d’apparition, de l’IMC, mais aussi selon les ethnies, avec des niveaux d’insulinosécrétion et d’insulinorésistance hétérogènes, des risques de complications variables et la présence, ou non, d’auto-anticorps. Avec, pour corollaire, des frontières désormais moins étanches entre DT1 et DT2. L’entité DT2, qui regroupe, de fait, tout ce qui n’est pas un autre diabète, risque fort de voler bientôt en éclat. Combien de DT1 lents ou apparentés sont aujourd’hui faussement étiquetés DT2 ? Probablement plus qu’on le pensait.

Les frontières volent en éclats

Au niveau thérapeutique, la variabilité de la réponse aux antidiabétiques, selon le phénotype, le sexe et les ethnies, commence à être analysée – mais les essais thérapeutiques sont majoritairement menés chez des caucasoïdes.

Et un nouveau champ s’ouvre avec la prévention du DT1. Il s’agit d’identifier les sujets génétiquement à risque et porteurs d’auto-anticorps mais sans dysglycémie, en amont de la découverte du diabète, dans l’espoir de ralentir et pourquoi pas de bloquer le processus auto-immun. Certaines molécules ont déjà montré des effets favorables significatifs.

Au total, plusieurs changements radicaux pour le DT1, le DT2, sans oublier les autres pathologies métaboliques, dont les états d’obésité. Cela ne doit pas nous faire oublier que, dans bien des pays à faibles revenus, les traitements de base, dont l’insuline, manquent encore cruellement ; le symposium du congrès consacré à la francophonie le rappellera.

Pr Serge Halimi, professeur émérite, université Grenoble-Alpes

Source : Le Quotidien du Médecin