Le liraglutide, commercialisé sous le nom de Victoza, est le premier médicament antidiabétique disponible en France à avoir montré un bénéfice cardiovasculaire (CV) chez les patients diabétiques de type 2 (DT2).
Cet agoniste du récepteur GLP-1 a d’abord obtenu une autorisation de mise sur le marché en 2009 pour le contrôle glycémique du DT2 de l’adulte, en combinaison à d’autres médicaments. En 2016, l'étude LEADER,parue dans le « New England Journal of Medicine » (1), lui prête d’autres vertus : comparé à un placebo, le liraglutide diminue significativement le risque cardiovasculaire.
Réduction des décès cardiovasculaires
Ce bénéfice CV était attendu. « Il existe en effet des arguments en faveur d’un effet protecteur des agonistes GLP-1 en situation d’ischémie myocardique et d’une amélioration de la fonction cardiaque en cas de cardiopathie sous-jacente, car les effets du GLP-1, une hormone produite naturellement dans le tube digestif, sont médiés par une diminution de la pression artérielle systolique, une amélioration de la fonction endothéliale et une réduction de certains paramètres biologiques », explique au « Quotidien » le Pr Serge Halimi, diabétologue et professeur émérite à l’université Grenoble-Alpes. Pourtant, l’étude de sécurité CV menée en 2015 avec le lixisenatide (non disponible en France) s’était révélée négative.
Au total, 9 340 patients DT2 et présentant un risque cardiovasculaire élevé ont été inclus dans l’étude LEADER et randomisés en deux groupes : un groupe recevant du liraglutide, le second un placebo. Au cours d’un suivi médian de 3,8 ans, le critère de jugement principal – le critère composite MACE (Major Adverse Cardiovascular Events) incluant décès d’origine CV, infarctus du myocarde non fatals ou AVC non fatals – est survenu chez un nombre significativement inférieur de patients dans le groupe liraglutide par rapport au groupe placebo (13 % versus 14,9 %).
« Les trois paramètres du critère composite ont été améliorés de façon disparate. Le liraglutide entraîne surtout une réduction des décès CV », souligne le diabétologue. En effet, 4,7 % des patients sont décédés de cause CV dans le groupe liraglutide contre 6 % dans le groupe placebo.
En revanche, aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes concernant les taux d’infarctus du myocarde non fatals et d’AVC non fatals.
Bientôt une AMM en pédiatrie
Si le liraglutide est globalement bien toléré, des événements indésirables gastro-intestinaux ont pu conduire à l’arrêt du traitement. Le taux de pancréatite n’était toutefois pas plus important avec le traitement.
« Au vu de ces résultats, le liraglutide a été recommandé en prévention secondaire après échec de la metformine chez des patients présentant une maladie athéromateuse dont les facteurs de risque sont bien traités », indique le Pr Halimi rappelant ici la position prise par les consensus internationaux ADA/EASD.
En juin, la Food and Drug Administration (FDA) a donné son accord pour l’utilisation du liraglutide en pédiatrie à la suite des résultats positifs d'une étude parue dans le « New England Journal of Medicine » (2). L’Agence européenne du médicament (EMA) a de son côté recommandé une extension d’indication en ce sens.
(1) Marso S. P. et al., N Engl J Med DOI: 10.1056/NEJMoa1603827, 2016.
(2) Tamborlane W. et al., N Engl J Med, DOI: 10.1056/NEJMoa1903822, 2019.
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