Le régime sans gluten, pour quels bénéfices ?

En France, la prévalence de la maladie cœliaque est estimée à 1 % (d'après l'Association française des intolérants au gluten), alors que l'INSEE indique que 8 % de la population française achète des produits sans gluten. Ces chiffres sont identiques pour l'Europe. Ce régime est très contraignant et financièrement coûteux sur ce continent, dont l'alimentation est largement composée de blé et d'aliments dérivés, principaux pourvoyeurs de gluten.

Une dégradation du syndrome métabolique

À ce jour, les seules indications thérapeutiques au régime sans gluten sont la maladie cœliaque et l'allergie au blé. Les personnes contraintes de supprimer le gluten de leur alimentation consomment des produits de substitution industriels. De nombreuses études ont montré qu'ils sont de faibles valeurs nutritionnelles. En particulier ils sont souvent plus riches en lipides, en sel et pauvres en minéraux et vitamines (1,2). Ce qui semble influencer le statut pondéral et nutritionnel des consommateurs.

Une métaanalyse a montré l'augmentation des paramètres du syndrome métabolique chez les patients avec une maladie cœliaque bien contrôlée et adhérents au régime sans gluten (3). Ceci a été confirmé par une étude italienne qui a suivi, pendant un an, 20 patients chez qui une maladie cœliaque a été diagnostiquée et qui adhèrent bien au régime sans gluten. Il est montré que, un an après le diagnostic, ces patients ont un tour de taille, un IMC et une glycémie à jeun augmentés (4).

Une confusion sur les coupables

Aujourd'hui, de nombreuses personnes suivent néanmoins un régime sans gluten dans d'autres indications, pour soulager des symptômes de maladies inflammatoires ou encore de syndrome de l'intestin irritable ou d'hypersensibilité au gluten.

Pour ce qui est des pathologies inflammatoires, aucune donnée probante ne permet d'affirmer l'indication du régime sans gluten.

Dans le syndrome de l'intestin irritable, plusieurs études d'intervention ou d'observation ont montré que ce n'est pas tant le gluten qui est en cause mais les Fodmaps*. En effet, chez des personnes présentant un syndrome de l'intestin irritable qui suivent un régime sans ou pauvre en Fodmaps, l'introduction de gluten n'induit pas de majoration ou de déclenchement de symptômes (5).

Enfin, il existe aussi des personnes qui optent pour une alimentation dépourvue de gluten comme un mode de vie. Elles consomment plus de fruits et légumes, favorisent les circuits courts ou la production locale voire l'autoproduction (6).

Exergue : Les produits industriels de substitution sont coûteux et de faible valeur nutritionnelle

Unité diététique, hôpital Rangueil, CHU Toulouse
*Fermentescibles oligosaccharides (fructanes et galacto-oligosaccharides) disaccharides (lactose) monosaccharides (fructose en excès) and polyols (sorbitol, mannitol, xylitol, maltitol)
(1) Vici G et al. Clinical Nutrition 2016;35:1236-41
(2) Melini F et al. Nutrients 2019;11:170
(3) Potter M et al. J Gastr and Hep 2018;33:781-91
(4) Tortora R et al. Aliment Pharmacol Ther 2015;41:352-9
(5) Biesiekierski J et al. Gastroenterology 2013;145:320-8
(6) Christoph M et al. J acad nutr and diet 2018