En l’absence de consensus international, la définition de la rémission du diabète selon l'Association américaine du diabète (ADA) se caractérise par un taux d'hémoglobine glyquée inférieur à 6,5 % et une glycémie à jeun de moins de 5,6 nmoles/L sans traitement.
Parmi les rares articles publiés sur le sujet, une étude américaine de 2014 (1) avait constaté une rémission chez 0,14 % des 120 000 des diabétiques de type 2 suivis pendant 7 ans et la Scottish Care Information Database chez 0,1 %. La faute aux patients, trop peu nombreux à essayer d'atteindre cet état de rémission ou aux professionnels de santé, réticents à les déclarer en rémission ? Les auteurs d’une analyse (2) ont passé en revue les freins pour parvenir à la rémission et proposent en conséquence d’orienter les recommandations sur la recherche d’un retour à la normale glycémique, en associant médicaments et mesures hygiéno-diététiques optimisées.
Régime et stratégie intensive
Car les arguments en faveur d’une possible rémission du diabète de type 2 s’accumulent. Premier levier, le régime alimentaire, qui pourrait enrayer le diabète de type 2 jusqu’à 10 ans après le début de la maladie. À l’EASD 2017, le Pr Roy Taylor, de l'université de Newcastle a fait part de ses résultats : la perte de l'équivalent d'un gramme de graisse dans le foie chez des patients ayant un début de diabète de type 2 permet de revenir à une synthèse d'insuline normale. L'excès de graisse induirait la quiescence des cellules hépatiques et ß-pancréatiques. Dans l’étude Counterpoint en 2011 du même auteur, la glycémie à jeun des patients diabétiques se normalisait après une semaine d'un régime hypocalorique, passant de 9,2 à 5,6 mmoles/L. Après 8 semaines, la réponse de l'insuline avait augmenté, de 0,19 nmoles/min à 0,46 nmoles/min.
Second levier pour envisager la rémission, une multi-stratégie intensive. Autrement dit frapper fort et vite pour faire machine arrière dans le diabète de type 2 débutant, une idée testée par une équipe canadienne (3). Pendant 16 semaines, mesures hygiéno-diététiques strictes (< 500-750 calories/jour, ≥150 minutes/semaine d’activité physique), antidiabétiques oraux (metformine 1 000 mg x 2/jour et acarbose titrée au max 50 mg x 3/jour) et insuline glargine au coucher ont été associées. Cela a permis une rémission du diabète chez 40 % des patients plus de 3 mois après l'arrêt des médicaments. Ces résultats confortent cette notion récente que le diabète de type 2 peut être mis en rémission, au moins à court terme, de façon médicale et pas seulement avec la chirurgie bariatrique.
Car en matière de rémission du diabète de type 2, celle-ci est encore inégalée. Les bénéfices métaboliques à long terme après bypass gastrique déjà mis en avant dans l’étude suédoise emblématique Swedish Obesity Study avec un suivi de 10 ans paru en 2016, ont été confirmés en 2017 par une seconde étude américaine incluant 1 156 personnes obèses (4). Avec un recul de 12 ans, un patient sur deux opéré par bypass gastrique est toujours en rémission.
(1) Andrew J. Karter and col. Incidence of Remission in Adults With Type 2 Diabetes: The Diabetes & Aging Study. Diabetes Care 2014 Sep; DC_140874
(2) Louise McCombie and col. Beating type 2 diabetes into remissionBMJ 2017;358:j4030
(3) Natalia McInnes et col. The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, Volume 102, Issue 5, 1 May 2017, Pages 1596–1605
(4)Ted D. Adams et col. Weight and Metabolic Outcomes 12 Years after Gastric Bypass. N Engl J. Med 2017;377:1143-55.
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