Diabétiques, mais pas que!

Les comorbidités passent au scanner de l’Assurance-maladie

Publié le 24/04/2014
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Les données du Système national d’information interrégimes de l’assurance-maladie (SNIIRAM) regroupent 58 millions de Français du régime général et des sections locales. Elles donnent une photographie de diverses pathologies recensées. C’est le cas du diabète.

« En 2011, 2,8 millions de Français (4,7 %) étaient diabétiques dans cette base de données. Soit une prévalence de 5 % en extrapolant en France entière. Ils ont 65 ans d’âge moyen, 48 % sont des femmes et 28 % ont plus de 75 ans. En 2011, leur mortalité a été de 2,7 % dans l’année. L’âge moyen du décès s’établissant à 77 ans », résume Anne Fagot-Campagna (CNAM). L’analyse pour la première fois des données du SNIIRAM sous l’angle polypathologique vient bousculer quelques idées reçues.

« Sans surprise, parmi les pathologies associées, les maladies cardio-neuro-vasculaires arrivent en tête. Elles touchent 26 % des diabétiques. Soit 28 % des 65-74 ans, 41 % après 75 ans. On a globalement 13 % de coronariens, 5 % d’AVC ou AIT, 5 % d’insuffisants cardiaques, 4 % d’artériopathies des membres inférieurs, 2 % de valvulopathies et 7 % de troubles du rythme ou de la conduction », rapporte Anne Fagot -Campagna (CNAM).

La morbidité psychiatrique n’est pas en reste. L’ensemble maladie psychiatrique + traitement par psychotrope (c’est-à-dire hors maladie psychiatrique codée) concerne au total 30 % des diabétiques : maladie : 5 %, traitement par psychotrope hors maladie : 25 %.

S’y ajoutent 11 % de cancers, 11 % de maladies respiratoires chroniques, 5 % de maladies neurologiques ou neurodégénératives, 3 % de maladies du foie et du pancréas et 1 % d’Insuffisances rénales terminales (IRT). « Ces donnés illustrent le poids de ces diverses pathologies chez les diabétiques », commente Anne Fagot-Campagna.

Surrisque spécifique

« En termes non plus de prévalence, mais de surrisque comparativement à des non diabétiques (même âge, même sexe), sans plus de surprise, l’insuffisance rénale gagne le match. Elle est certes rare (1 % des diabétiques), mais le diabète en est toujours le premier pourvoyeur », explique Anne Fagot-Campagna.

Résultat, le risque relatif d’insuffisance rénale terminale est quasi triplé (RR = 2,8 ; 2,81–2,88) chez le diabétique.

« De façon moins attendue, probablement lié aux pancréatites, le risque de maladies du foie et du pancréas (hors mucoviscidose) est doublé (RR = 2,12) », note-t-elle. Juste après, on retrouve les maladies psychiatriques (RR = 1,4) et être traité par psychotrope (RR = 1,2). Puis, les maladies respiratoires chroniques (asthme, BPCO, RR = 1,4), les maladies inflammatoires ou rares ou VIH (RR = 1,16). « En revanche, les maladies neurologiques ou neurodégénératives (RR = 1,04) et les cancers (RR = 1,04) sortent très peu », souligne-t-elle.

« Cette photographie des diabétiques en France montre que la polypathologie est fréquente. Ce qui tend à complexifier leur prise en charge. Et qu’elle n’est que partiellement liée à l’âge », résume Anne Fago-Campagna.

Un score de polypathologie, en développement, sera bien utile pour l’étude de leurs parcours de soins.

Anne Fagot-Campagna. Diabète et polypathologie : les données du SNIIRAM, France.

Pascale Solère

Source : Le Quotidien du Médecin: 9321