Le Quotidien : Est-ce la première fois que les JFHOD sont reportées ?
Pr Jean-Marie Peron : Oui, nous avons dû prendre cette décision difficile du fait de l’interdiction de tout rassemblement de plus de 1 000 personnes. L’an dernier, les JFHOD avaient réuni 5 413 participants, dont 4 372 congressistes, venant de 60 pays, avec des médecins venant de l’étranger.
Quels sont les objectifs du livre blanc qui sera présenté ?
Les principales conclusions du livre blanc de la gastro-entérologie seront dévoilées par le Pr Franck Zerbib lors des JFHOD. On aura ainsi des données épidémiologiques précises sur les maladies de l’appareil digestif en France, des observations sur la pratique et le fonctionnement de notre spécialité, les problèmes posés par la démographie médicale et le vieillissement de la population, mais également des chapitres de formation sur les différentes pathologies.
Pourquoi une thématique principale autour de l’intelligence artificielle (IA) ?
L’IA prend de plus en plus de place. C’est la médecine d’un futur proche, puisqu’on a déjà des interventions assistées par ordinateur, des applications de deep learning pour le traitement de l’imagerie digestive ou de l’anatomopathologie. La détection et la caractérisation des polypes assistées par ordinateur ne sont pas encore entrées dans la pratique quotidienne, mais des données sont déjà présentées dans les congrès sur l’aide au diagnostic des tumeurs de l’appareil digestif assisté par ordinateur. En oncologie digestive, grâce au « big data », on va pouvoir proposer des traitements personnalisés en fonction des mutations génétiques, des caractéristiques de la tumeur, du statut clinique du patient. Les stratégies thérapeutiques seront à l’avenir traitées par des algorithmes pour déterminer les traitements spécifiques d’une maladie donnée pour un patient donné. L’IA a des débouchés très intéressants dans notre spécialité, avec vraisemblablement une tendance de plus en plus forte vers l’autonomisation, mais elle restera toujours sous contrôle humain que ce soit pour vérifier les données, assurer les gestes techniques et manifester de l’empathie vis-à-vis des patients. L’utilisation de l’IA pour l’endoscopie digestive fait partie des voies de recherche, comme l’analyse d’images endoscopiques pour la caractérisation d’un polype, d’un cancer, des muqueuses…
« Mars bleu » ne risque-t-il pas de pâtir de l’épidémie de coronavirus ?
Le dépistage du cancer du côlon est déjà difficile, et Mars Bleu est incontestablement relégué loin derrière les préoccupations. De façon générale l’épidémie de coronavirus aura un impact sur les patients qui ne sont pas infectés, ne serait-ce qu’en raison du report de tous les actes dont le retard n’amène pas de perte de chance pour le patient, comme les coloscopies de dépistage. Pour limiter les conséquences, nous ferons tout pour que les patients ne soient pas perdus de vue.
(1) SNFGE : Société nationale française de gastro-entérologie
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