Devant des douleurs abdominales aiguës, les méthodes d’exploration diffèrent selon qu’il s’agit d’un adulte ou d’un enfant. Chez celui-ci, l’échographie est l’examen de première intention. Dans l’enquête Adexol, 52 % des enfants en ont bénéficié. « C’est encore trop peu, déclare le Pr Hubert Ducou le Pointe. Le scanner est demandé dans 9 % des cas en première intention, c’est là un peu trop, on doit davantage privilégier l’échographie. La radiologie conventionnelle est prescrite dans 14 % des cas, on peut également diminuer ce taux », poursuit-il.
Quant au délai d’obtention de l’échographie, il est de 3 heures dans 66 % des cas et de 3 à 6 heures dans 25 % des cas. « 6 heures, c’est trop, insiste H. Ducou le Pointe, il faut réduire le temps d’attente ».
Élément satisfaisant qui émerge de l’étude Adexol : la prise en charges des douleurs abdominales de l’enfant est conforme au guide de bon usage pour 84 % des praticiens. Si 16 % des enfants n’ont pas pu bénéficier d’une échographie en première intention, 40 % des praticiens invoquent des problèmes d’organisation et 28 % le manque d’effectifs. « Ces problèmes sont la plupart du temps absents dans les CHU, remarque H. Ducou le Pointe, mais subsistent dans les hôpitaux généraux par manque de radiologues pédiatres ou compétents en radiologies pédiatrique ou encore par la crainte de certaines pathologies, comme l’invagination intestinale aiguë qui ne sera pas forcément traitée sur place ».
Les étiologies diffèrent selon l’âge de l’enfant
Elles peuvent être banales ou, au contraire, nécessiter une prise en charge chirurgicale urgente. Chez le nourrisson et le jeune enfant, l’invagination intestinale aiguë est le diagnostic à évoquer en premier lieu, car c’est une urgence grave potentiellement mortelle. L’échographie est l’examen de référence permettant d’établir le diagnostic avec une sensibilité de 98 à 100 % et une spécificité de 88 à 100 %. Chez l’enfant plus grand, la première étiologie à rechercher est l’appendicite aiguë, qui nécessite aussi une prise en charge rapide. Le diagnostic doit être confirmé par une échographie, d’une part parce que le tableau clinique est parfois atypique, en particulier chez le nourrisson, et, d’autre part, parce que le traitement chirurgical sans imagerie préalable était encore il y a quelques années responsable d’un certain nombre d’appendicectomies inutiles. Le scanner reste en Europe, contrairement aux États-Unis, une technique réservée principalement au doute diagnostique chez des enfants obèses.
La torsion de l’ovaire constitue également une urgence chirurgicale. L’échographie confirme ici encore le diagnostic. Chez le garçon, devant une bourse douloureuse d’apparition brutale, l’exploration chirurgicale s’impose en urgence, sans imagerie. L’échographie n’est indiquée que si les signes cliniques sont douteux.
Enfin, l’échographie peut être indiquée en cas de doute diagnostique chez un enfant qui présente d’importantes douleurs abdominales sans signes d’accompagnement permettant de guider le diagnostic.
D’après l’intervention du Pr Hubert Ducou le Pointe, service de radiologie, hôpital d’enfants Armand-Trousseau, Paris
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