La maladie cœliaque (MC) suscite encore de nombreuses interrogations. En témoigne l’engouement pour la version en ligne des premières recommandations de l’ESsCD, « document le plus téléchargé depuis la création du journal européen de gastro-entérologie », souligne le Pr Christophe Cellier, l’un des auteurs du texte (1).
Fréquente, la MC toucherait de 0,5 à 2 % de la population en France comme dans de nombreux pays occidentaux, mais souffre d’un retard au diagnostic qui peut atteindre 10 à 20 ans dans les formes peu symptomatiques. Face à ces tableaux peu spécifiques, le diagnostic est d’autant moins évoqué que la MC a longtemps été considérée comme une maladie de l’enfant. Pourtant, le pic de survenue est entre 20 et 40 ans et 20 % des cas se manifestent après 60 ans.
Des manifestations très variables
Elle touche plus souvent les femmes que les hommes (sex-ratio de 2 à 3 /1) et est de présentation polymorphe. À côté du tableau bruyant associant diarrhées, perte de poids et douleurs abdominales, accompagnés d’une anémie par carence en fer, en folates et en vitamine B12, des manifestations moins évocatrices sont fréquentes. Ballonnements, alternance de diarrhée et constipation, fatigue, orientent volontiers vers des troubles fonctionnels intestinaux. Il faut donc prêter attention à une anémie ferriprive, une augmentation inexpliquée des transaminases, une déminéralisation osseuse ou encore à une aphtose buccale, qui peut être au premier plan.
Le diagnostic se fonde sur la sérologie, avec le dosage des anticorps antitransglutaminase, seul examen remboursé actuellement. Un taux au-dessus de dix fois la normale permet de poser avec une quasi-certitude le diagnostic chez l’enfant, ce qui permet de s’affranchir d’une gastroscopie. Chez l’adulte en revanche, une confirmation histologique reste de mise. « Il est recommandé de faire quatre biopsies au niveau du duodénum et une au niveau du bulbe, en ne faisant qu’une biopsie par passage de pince », précise le Pr Cellier.
Un seul traitement, le régime sans gluten strict
En cas d’atrophie villositaire totale, subtotale ou partielle et élévation des anticorps, il n’y a pas d’autre traitement que le régime sans gluten à vie. S’il est suivi de façon stricte, il permet la repousse villositaire dans 95 % des cas. Un contrôle endoscopique n’est pas systématique chez un patient qui va bien, il est en revanche préconisé après deux ans de régime chez un sujet qui reste symptomatique.
Les complications de la MC sont assez fréquentes. Le risque de déminéralisation osseuse fait recommander une ostéodensitométrie lors du bilan initial, suivi d’un contrôle après un ou deux ans de régime si la perte de masse osseuse était importante. Complications ou maladies associées, les patients souffrant de MC ont un risque accru d’autres maladies auto-immunes : thyroïdite d’Hashimoto, diabète de type 1, hépatite auto-immune, dermatite herpétiforme. À l’exception de cette dernière, elles ne répondent pas au régime sans gluten, mais leur survenue est favorisée par un régime mal suivi. La MC expose à certains cancers, notamment adénocarcinome du grêle, lymphome associé aux entéropathies (EATL), qui peut être précédé d’une MC dite réfractaire, de mauvais pronostic. Ces complications s’observent chez les adultes, essentiellement en cas de diagnostic tardif. Certains signes doivent alerter : diarrhée, perte de poids, altération de l’état général, douleurs abdominales. Ils peuvent aussi témoigner d’un mauvais suivi du régime strict, qui concerne environ un sujet sur deux. En attendant les tests urinaires et fécaux pour dépister les erreurs diététiques, une sérologie qui reste positive est très évocatrice d’une mauvaise observance.
D’après un entretien avec le Pr Christophe Cellier (Paris)
(1) Al-Toma A et al. UEG Journal, juin 2019: 7(5):583-613.
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