Des réponses cellulaires sont observées

Un vaccin anti-hépatite C en phase I

Publié le 13/12/2012
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L’ESSAI CLINIQUE de phase I de Barnes et coll. (Oxford et Birmingham, Royaume-Uni) ouvre une voie de développement vaccinal prometteuse contre le VHC. Pour les 160 millions de personnes infectées (de façon chronique) dans le monde, le risque d’évolution vers une cirrhose hépatique est en effet de 20 %, celle-ci étant associée à un risque de cancer. On sait, depuis de précédents travaux, le rôle essentiel de l’immunité T cellulaire spécifique pour protéger de certaines infections (paludisme, tuberculose ou VIH), et en particulier de l’infection à VHC.

L’une des approches pour induire cette immunité est le vaccin génique dont le principe consiste à introduire dans les cellules du sujet le gène pour l’antigène VHC, de façon à ce qu’il produise lui-même l’antigène VHC et active alors sa réponse immune. Parmi les vecteurs délivrant ce gène vaccinal, l’adénovirus humain de sérotype 5 (Ad5) a été beaucoup utilisé parce que fortement immunogène. La rançon de son succès a été le développement d’une immunité des hôtes à son encontre.

Vecteur adénoviral

Dans l’espoir de trouver des vecteurs plus rares et donc moins susceptibles d’être neutralisés, Colloca et coll. ont donc isolé et séquencé plus d’un millier de souches adénovirales de chimpanzés ; ils les ont ensuite utilisées pour fabriquer des vecteurs de vaccin, Ch Ad, incapables de réplication. Ainsi le ChAd3 est à la fois immunologiquement puissant, au moins chez la souris, et neutralisé par seulement 12 % de la population humaine.

C’est ce vecteur ChAd3 qu’ont testé Barnes et coll. chez des hommes, volontaires, en bonne santé pour délivrer le vaccin génique VHC. Ils l’ont comparé à un rare Ad humain (Ad6), neutralisé par 22 % de la population humaine, qui délivrait un vaccin similaire.

Les deux vecteurs, ChAd3 et Ad6, induisent des réponses cellulaires T contre les protéines du VHC, capables de reconnaître des souches hétérologues (1A et 3A). Ces cellules, CD4 et CD8, sécrètent de l’IL-2, de l’IFN-gamma et du TNF-alpha ; elles peuvent persister pendant au moins un an. Des réponses qui, quantitativement (force, amplitude, fonctionnalité et longévité) et qualitativement, sont comparables à ce que l’on observe chez les personnes qui éliminent naturellement l’infection à VHC.

Cette approche, de vectorisation par ces nouveaux vecteurs, Ad du chimpanzé ou humains rares, fortement immunogènes contre le VHC, pourrait être empruntée pour le paludisme, la tuberculose, le VIH bien sûr et certains cancers. En cours d’évaluation encore, les réponses immunes de vaccins administrés à des patients déjà infectés par le VHC.

Science Translational Medicine, 4 janvier 2012, Colloca et coll., Barnes et coll.

 Dr BRIGITTE BLOND

Source : Le Quotidien du Médecin: 9206